TRIP de Lesly Lynch et Geoffrey Cochard : liberté à Paris

Non, la scène underground parisienne n’est pas totalement morte. Des artistes persistent à vouloir faire de notre capitale un territoire d’expressions où l’on peut encore être totalement libre de son corps et se laisser aller à la passion et la furie. Le moyen-métrage Trip du duo de réalisateurs Lesly Lynch et Geoffrey Cochard mêle fiction et documentaire pour un voyage sous le signe de la liberté.

Tout commence alors qu’un beau jeune homme (Mehdi Meskar, plus beau et sensuel que jamais) cherche de la compagnie sur une application. Il est seul chez lui, sort pour faire une rencontre anonyme en extérieur. Pas de prénoms, pas d’échange à part le rapport de force sexuel, pas de lien, pas d’âme. En marchant, le garçon se laisse happer par le bruit d’une musique techno et pénètre dans un entrepôt où il va découvrir un groupe de marginaux et artistes queer qui vivent librement en groupe leur sexualité en festoyant. Ce choc du regard et de la conception des relations va le changer. 

Le spectateur se met dans la peau de Mehdi Meskar et découvre en même temps que lui un univers où le plaisir s’incarne à nouveau, où les corps se libèrent loin des diktats. Comme une utopie perdue qui renaîtrait.

On découvre les portraits et le quotidien, en mode documentaire, de plusieurs personnalités comme Agata Kay ou Luc Bruyere. Ils n’ont pas toujours eu une enfance facile mais ils ont trouvé la force de mener la vie qu’ils souhaitaient, se moquant des codes, du système, de la morale. Ils ne laissent personne les juger ou leur dire quoi faire. Ils vivent au jour le jour, refusant les contraintes et les limites.

Tout n’est pas toujours rose : quand on choisit de vivre sous le signe de la passion et de la furie, il y a parfois des conséquences, une addition à payer. La drogue circule beaucoup. Le sexe est facile mais l’amour rare.

Le quotidien brut de ces figures iconiques et attachantes, montré sans jugement, est contrebalancé par des tableaux arty et torrides du plus bel effet, faisant songer à une brûlante rêverie. Ce que l’on retient de ce « Trip » très joliment incarné, c’est cet amour que l’on trouve dans une communauté que l’on se crée, la tendresse qui émane d’un groupe en marge qui se soutient en regardant dans la même direction, loin des étiquettes et peu importe les dangers. Beauté sauvage. 

Film produit en 2019 et présenté au Festival Chéries Chéris 2019