CINEMA

VALLEY OF LOVE de Guillaume Nicloux : dans la Vallée de la Mort

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Isabelle (Isabelle Huppert) et Gérard (Gérard Depardieu), divorcés depuis de nombreuses années, se retrouvent pour quelques jours au milieu de la Vallée de la Mort.

Ces curieuses retrouvailles ont lieu en raison d’un mystérieux courrier de leur fils, Michael, récemment décédé. Il s’est suicidé, dévastant et culpabilisant ses deux parents dont l’éducation a souvent été loin d’être parfaite. Puis suite à sa mort est survenue une lettre dans laquelle il convoque le père et la mère pour un ultime rendez-vous.

Isabelle veut y croire, Gérard reste sceptique. Au milieu des paysages chaotiques, ils attendent un signe, font le point sur leur vie, cèdent à la nostalgie, étouffent sous la chaleur… Petit à petit le doute s’installe : et si Michael allait vraiment revenir pour leur dire adieu ? 

valley of love film guillaume nicloux

Présenté en compétition au Festival de Cannes 2015, Valley of Love marque les retrouvailles de Gérard Depardieu et Isabelle Huppert bien des années après Loulou. Le réalisateur Guillaume Nicloux s’amuse de cette réunion et joue d’ailleurs avec les figures des deux acteurs dont il livre des portraits de cinéma sans fards. Cette dimension est peut-être la moins intéressante du métrage même si elle réserve quelques moments amusants (comme lorsque Depardieu signe un autographe à un faux-fan un peu lourd). Au fond, cet homme et cette femme pourraient être acteurs ou n’importe qui d’autre : ils sont deux archétypes plongés dans la Vallée de la Mort et confrontés à tout un tas de thématiques abordées avec brio.

Le temps qui passe, les colères passées qui laissent place à la tendresse, les bons souvenirs et les regrets, les liens humains dans toute leur fragilité, leur mystère, leur beauté… Comment composer avec le deuil de son fils quand on est persuadé de ne pas avoir été une mère assez présente ? Comment croire à l’impossible ?

Progressivement le film, esthétiquement très abouti, se permet quelques notes joliment surnaturelles, étranges. Guillaume Nicloux laisse toujours planer le doute (libre à chacun de croire ce qu’il veut, ce qu’il voit ou voudrait voir), livre une oeuvre agréablement dissonante , hypnotique, dont certains plans peuvent parfois rappeler des peintures d’Edward Hopper. Mélancolie omniprésente, légèreté qui fuse par surprise, incertitude qui ne lâche pas : le duo d’acteurs est magnifique, renvoie à une multitude d’émotions, touche à des choses souterraines. Un voyage sensible, périlleux et troublant.

Film sorti en 2015 et disponible en VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3