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Vendredi sur mer « Le Lac » : émotion brute

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Le deuxième album de Vendredi sur mer est clairement le disque le plus attendu par popandfilms en 2022. Il a désormais une date de sortie : le 18 mars. Et en voici un extrait, Le Lac, qui ne manque pas de surprendre. 

Si la précédente chanson inédite de l’artiste, Comment tu vas finir, renouvelait sa musique tout en restant dans une tonalité electro et lascive, avec cette piste-ci Vendredi sur mer prend une direction quasi-inédite. Les petites touches électroniques restent toujours là en arrière plan comme une obsession, le désir reste un sujet de prédilection mais ici ce qui nous frappe en premier lieu c’est la mélancolie de l’ensemble qui n’a jamais été aussi forte. Certes, notre reine pop n’en est pas à sa première ballade (on se souvient des très beaux titres Laisse-moi ou Mon chagrin sur son précédent disque par exemple et certains pourraient placer le culte Les Filles désir dans cette catégorie également) mais il y a ici quelque chose de plus brut, cristallin, presque dépouillé. 

L’ensemble fait l’effet d’une mise à nu dont la sincérité touche instantanément droit au coeur et cela est renforcé par le beau clip grisâtre et chargé en spleen signé Jade Deshayes. On y retrouve Vendredi sur mer sur des routes polonaises moroses, en plein craquage. Au début et à la fin, un accident. Une boucle destructrice, qui fait couler les larmes et met le coeur à vif. On ressent la panique, la noirceur, la douleur et en même temps il y a encore et toujours cette soif d’une nouvelle ou d’une dernière fois et qui sait même d’un renouveau. 

Vendredi sur Mer réinvente ici sa musique sans pour autant la dénaturer et ce clip apporte dans ce même processus de métamorphose une identité nouvelle dans l’esthétique de son projet (à noter qu’après Apollo Noir, on retrouve ici à la production / compo Myd, Sam Tiba, Nit et Canblaster). Le Lac est à mille lieux de l’univers ultra pop, coloré, queer et délicieusement artificiel de ce à quoi Charline Mignot nous avait habitué de par ses collaborations avec Alice Kong. Elle se montre ici sans fard, dans toute sa vulnérabilité. Et c’est toute sa sensibilité qui éclate au grand jour, belle et universelle. Les fans de la première heure se régaleront de retrouver les talents de parolière de l’autrice (personnellement j’ai toujours adoré son écriture elliptique et poétique, à la fois charnelle et hypersensible, qui laisse la place à l’abstraction et l’imaginaire tout en gardant une sorte de simplicité qui peut parler à tous) et se laisseront surprendre par une Vendredi sur Mer qui délaisse de plus en plus le chanté-parlé sexy qui a fait son succès pour s’aventurer vers la chanson en y apportant son style tout personnel. 

C’est peu dire que l’émotion est au rendez-vous. Il n’y a rien de plus génial que de retrouver une artiste qu’on aime avec de nouveaux morceaux qui réussissent à la fois à nous surprendre et à nous emporter. L’étape du deuxième album est toujours délicate, il apparait clairement que Vendredi sur mer va la franchir en nous réjouissant à chaque nouveau titre. Vivement qu’on écoute tout ça en intégralité le 18 mars. 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3