XENIA de Panos H. Koutras : continuer de rêver

Grèce. Dany (Kostas Nikouli), jeune gay qui gagne sa vie en se prostituant, décide d’aller retrouver son frère Ody (Nikos Gelia) alors que leur mère vient de mourir. Cette dernière était albanaise et si les deux frangins veulent rester tranquillement sur le territoire, ils vont devoir trouver une solution pour que leurs papiers soient en règle.

L’excentrique Dany, qui passe son temps à manger des sucreries, convainc Ody d’entreprendre un voyage d’Athènes à Thessalonique afin de participer à un concours de chant type Nouvelle star et aussi et surtout de partir à la recherche de leur père qui les a abandonnés dès le plus jeune âge. Ils comptent demander à ce dernier de les aider à avoir la nationalité grecque et de leur donner de leur argent. Ce voyage va être l’occasion de raviver des plaies du passé mais aussi de re-souder les liens, au gré de différentes rencontres et péripéties…

Présenté dans la section Un certain regard du Festival de Cannes 2014, Xenia nous propose de faire un petit bout de chemin avec deux frères très différents. Dany est gay, efféminé, toujours une sucette dans la bouche, pipelette, impulsif. Ody est hétéro, viril, un peu timide et renfermé sur lui-même. Les deux garçons s’étaient éloignés et se retrouvent le temps d’un voyage dont ils ne savent pas trop quoi attendre. Leurs différences se complètent merveilleusement et le réalisateur Panos H. Koutras livre un très joli et délicat film sur la fratrie, débordant de tendresse, parfois teinté d’homo érotisme.

Le scénario est simple : deux frères, un voyage, la quête d’un père, la quête d’eux-mêmes, une envie de panser les plaies du passé et l’espoir d’encore pouvoir réaliser des rêves. C’est une œuvre modeste qui tient sur des petites choses, sublimée par une mise en scène très colorée, agréablement pop, flirtant sans lourdeur avec la fantaisie, l’artifice. Tranche de vie qui se plaît à cultiver ses petits mystères (on pense notamment aux hallucinations récurrentes de Dany qui ne seront jamais totalement expliquées, justifiées), Xenia est truffé de scènes solaires, de moments réjouissants, rafraîchissants, portés par le charme de ses deux interprètes. De scènes de danse éclatantes de spontanéité aux passages de variété chantée par l’irrésistible Ody, cette odyssée drôle et sensible donne envie de sourire malgré toutes les épreuves difficiles que la vie peut réserver. S’il est évident que Dany et Ody sont deux garçons à fleur de peau, prisonniers d’une certaine errance, leur quotidien est filmé de façon lumineuse, avec toujours une part de rêve.

Peu importe les moments durs, peu importe les différences, les bizarreries : les deux frérots ne cessent d’avancer, de vivre tout simplement. Leurs petites aventures, tour à tour amusantes ou tendues, constituent une gourmandise pour les yeux et le film séduit et entête comme une belle chanson pop.

Film sorti en 2014 et disponible en VOD