FICTIONS LGBT
5B de Paul Haggis et Dan Krauss : se souvenir de l’épidémie du Sida
Paul Haggis et Dan Krauss ont réalisé 5B, documentaire émouvant et plein d’humanité qui nous replonge au coeur du début de l’épidémie du Sida à San Francisco. Le film revient principalement sur le quotidien au coeur de l’hôpital de la viIle où un pavillon avait été mis en place pour soigner les malades.
Les années 1970 étaient signe de liberté et les gays pensaient pouvoir enfin s’assumer davantage. Mais voilà que s’est répandue une inquiétante vague de « cancers » fulgurants touchant principalement les homosexuels puis des drogués – des cibles faciles et encore largement méprisées par une partie de la société.
Le documentaire revient sur la panique du milieu hospitalier au début des années 1980 alors que le Sida a frappé violemment la communauté gay. Personne ne comprenait ce qui était en train de se passer et ,même une fois le virus identifié, l’incertitude régnait sur la façon dont il pouvait se transmettre. Logiquement, beaucoup de professionnels travaillant dans les hôpitaux ont succombé à une certaine parano : pouvait-on attraper cette maladie incurable et mortelle par le toucher ? Certains se sont mis à porter des combinaisons dignes de l’espace, d’autres négligeaient les patients, les fuyaient… Et pendant ce temps les malades mourraient dans d’atroces conditions, certains n’étant pas touché même par des proches pendant des mois, finissant dans la solitude la plus totale.
5B raconte une période difficile et pleine de doutes où un groupe de médecins et militants a fait preuve d’un véritable courage en se battant pour apporter du réconfort à des patients alors voués à dépérir. Ils ne pouvaient les soigner mais ils pouvaient leur donner de la compassion, leur rendre leur humanité. Des caresses, des regards bienveillants, des déjeuners festifs organisés pour insuffler un peu de légèreté au coeur d’un cauchemar fatal. L’humanisme des uns était hélas souvent contrebalancé par les peurs des autres, certains masquant à peine une relative homophobie.
On voit la détresse des malades, le cirque des médias, Reagan qui ne fait rien et quelques médecins et internes qui s’activent pour, eux, faire bouger les choses. Les témoignages sont forts, pluriels, bouleversants, en particulier celui d’une infirmière qui a été infectée suite à un incident. C’est une oeuvre qui effectue un beau travail de mémoire et qui montre aussi bien la douleur des victimes que la beauté de ceux qui s’engagent et ne baissent pas les bras.
Film produit en 2019 et présenté au Festival Chéries Chéris 2019