ALBUMS
Goldfrapp, Tales of us : retrouvailles dans la brume
C’est peu dire que les fans de la première heure de Goldfrapp étaient perplexes à l’écoute de leur dernier album , sorti en 2010, Head First. Loin des ensorcelantes envolées de Felt Mountain ou des tubes électrisants de Supernature, cet opus ressemblait à une mauvaise compilation d’eurodance. Après 10 années passées à rêver ensemble, on se sentait subitement abandonné par le duo formé par Alison Goldfrapp et Will Gregory . Trois ans plus tard, voici Tales of us. Pour peu, on jurerait que Goldfrapp est schizo. Car cette fois pas un seul titre ne conduira l’auditeur sur la piste de danse. Ces contes musicaux, portant chacun pour titre le nom d’un personnage, se plaisent à nous plonger dans une atmosphère tour à tour romantique, sombre, mélancolique. Un album de ballades, élégant, sans toutefois disposer de quelques titres explosifs comme cela pouvait être le cas par le passé. Tales of us est de ces disques discrets, nécessitant plusieurs écoutes pour en apprécier les petites subtilités. Les fans feront l’effort de s’y pencher assez longtemps afin de « renouer le contact », les autres seront en droit de rester dubitatifs face à un ensemble à la beauté indéniable mais qui se mérite peut-être un peu trop.
L’ouverture ne trompe pas : Jo nous est racontée avec des accords simples, minimalistes, joliment répétitifs. Quelques cordes, des notes de piano, et toujours la sublime voix d’Alison Goldfrapp. Le premier single qui a porté la sortie de cet album, Drew, orné d’un clip intrigant, est sans aucun doute la plus belle réussite de cette nouvelle livraison de morceaux embrumés. Quand les violons, cinématographiques en diable, nous saisissent avant de se déchaîner, on retombe alors amoureux de ce qui était mine de rien l’une des formations les plus stimulantes du début des années 2000. D’autres pépites se révèlent telles que Ulla, toute en grâce et distorsion, le poignant Alvar ou le langoureux Stranger (deuxième pièce maîtresse de l’album, parvenant à nous perdre dans l’espace temps). A défaut de secouer son public, Goldfrapp se contente ici de simplement le reconquérir, avec un charme indéniable, des paroles raffinées et une sensibilité qui finit bien par faire mouche.