The Horizon : une web série gay sexy en provenance d’Australie

Créée par un certain Adam Jones et écrite par Boaz Stark, The Horizon est une web série gay australienne dont l’intrigue prend place à Sidney. La première saison a fait son apparition sur la toile en 2009, financée par divers sponsors comme le site et application de drague Manhunt ainsi que l’ACON (Aids Council of NSW). L’histoire est tout ce qu’il y a de plus élémentaire : Jake, jeune homme naïf, puceau et romantique, quitte sa Province pour débarquer à Sidney et vivre librement son homosexualité. A peine arrivé, il rencontre un charmant trentenaire, AJ, chez qui il squate en attendant de trouver un logement. Pour Jake, c’est le coup de foudre. Pour AJ, les choses sont plus compliquées : indéniablement attiré par ce jeune minet, il n’est pas certain d’être prêt pour une relation sérieuse. Et pour cause : AJ est bien connu des bars gays dont il est un habitué et son énorme tableau de chasse lui vaut d’être considéré par certains comme « une salope ». Rapidement, la romance part en vrille : AJ peine à rester fidèle et s’impatiente de ne pas pouvoir coucher avec son petit ami. Découvrant qu’il est trompé, Jake trouve du réconfort auprès d’une drag queen, Wilma, qui va peu à peu devenir sa meilleure amie.

Disons le franchement : la première saison a de quoi rebuter le spectateur exigeant. Constituée de 8 épisodes, elle recycle tous les clichés déjà vus et mieux traités dans d’autres fictions. Réalisé avec peu de moyen, le show est visuellement très cheap, pas très agréable à regarder, avec certains décors frisant le ridicule (la chambre d’AJ par exemple, pleine de posters de cover boys à moitié nus alors qu’il a une trentaine d’années au compteur !). L’interprétation des acteurs ne relève pas le niveau : c’est la plupart du temps mal joué, à une exception près. Et c’est cette exception qui nous fait tenir jusqu’au terme de ces premières aventures laborieuses. Au milieu de gays plus ou moins sexy (le choupinet minet Andrew Perry dans le rôle de Jake et le très fade Jay Duncan dans celui d’AJ), c’est le personnage de drag queen qui tire son épingle du jeu. Campé avec brio par l’acteur Patrick James, Wilma est dès les premières scènes hilarante et attachante. De quoi apporter un peu de fraîcheur et d’humour au cœur d’un ensemble un peu plan-plan et de donner envie de voir la suite malgré une écriture un peu brouillonne (le traitement de la rupture entre Jake et AJ est complètement disproportionné – c’est filmé comme un énorme drame alors qu’ils n’ont été ensemble que quelques jours).

Si vous n’êtes pas du genre patient, on vous conseillera de commencer cette série par son 9ème épisode qui est aussi le premier chapitre de la saison 2. Mise en ligne sur Internet en 2012, elle permet à The Horizon de prendre un nouveau départ. C’est beaucoup mieux produit et cela se ressent à l’écran : la mise en scène est plus affirmée, les décors plus nombreux et réalistes, l’écriture plus subtile et sensible, la bande-originale (essentiellement dansante, un mélange de house, de dance et d’électro) utilisée de façon moins balourde. Et histoire de ne pas faire les choses à moitié, à l’exception de Patrick James, tous les acteurs ont été remplacés. Le nouveau casting est à la fois nettement plus hot (Alistair Cooke est à croquer dans la peau de Jake et Indigo Felton fait un AJ très hot et désirable, tout en complexité), inspiré et juste. De quoi tenir davantage la comparaison avec les soap operas des chaînes télévisées. Son statut d’oeuvre indépendante permet à The Horizon d’aborder des sujets bien connus (la difficulté à s’assumer quand on est gay ou tout simplement différent, la question de la fidélité, l’amour et ses aléas…) avec une certaine liberté de ton. Outre les répliques cultissimes de Wilma, cette deuxième saison dispose d’un irrésistible petit grain de folie qui la rend terriblement addictive. C’est à la fois léger et émouvant, ça milite assez habilement pour le safe sex et c’est absolument sexy. Wilma et les garçons passent la majorité de leur temps à parler d’amour, à chercher à s’affirmer avec leurs forces et leurs faiblesses, à faire la fête en discothèque en prenant des substances pas toujours très légales. L’intrigue évolue plutôt bien, faisant dans un premier temps de Jake et AJ un couple à la Brian et Justin dans Queer As Folk avant de tout remettre en cause avec l’arrivée d’un vieil ami de Jake, faussement hétéro et dangereusement séduisant. La tension sexuelle est à son comble et tous les délires sont permis (notamment le temps d’un épisode réjouissant où les personnages jouent à Action ou vérité après avoir pris de la drogue). Le show trouve son style et à la fin de cette deuxième saison on a plus qu’envie de voir la suite.

La web série étant la première du genre en Australie, elle a rapidement suscité le buzz. Certains épisodes ont été vus par plusieurs centaines de milliers de personnes à l’heure de l’écriture de ces lignes. Face à ce joli petit succès, une troisième saison a été lancée en 2013. Une fois encore, le casting a été remanié. Si on est ravis de retrouver Patrick James et Indigo Felton, il faut un peu de temps pour s’habituer aux nouveaux visages des interprètes de Jake, Micky (l’ami pas si hétéro), Saxon (le nouveau boyfriend d’AJ) et Millie (l’ex petite copine de Micky et meilleure amie de Jake). Les acteurs sont suffisamment à la hauteur pour parvenir à s’imposer. Ce troisième chapitre confirme que le show a trouvé sa voie et on regarde avec gourmandise chacun des nouveaux épisodes. La formule n’est pas nouvelle (il y est question de première fois, de couple libre, de la difficulté d’une drag queen a se faire accepter par sa famille…) mais ça fonctionne et c’est bourré de charme. Les garçons passent beaucoup de temps au plumard à se faire des bisous, la musique est très sympa (un imparable remix de Madonna par-ci, un autre plus étonnant de Flume par-là), les différents protagonistes bien posés… Si vous aimez les romances « plaisir coupable » et que vous êtes un client des soaps sentimentaux, The Horizon est faite pour vous ! Au fil des années elle est parvenue à passer du stade d’essai aux allures de tele novela à quelque chose de bien plus captivant, avec un vrai univers. Une quatrième saison est attendue. A noter que les trois saisons forment un ensemble de seulement 24 épisodes durant tous moins de 10 minutes : on a vite fait de tout regarder.

Chaîne Youtube de The Horizon

Merci à Gondorsky, lecteur du blog, pour cette découverte