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Midget !, Bois & Charbon : des sons et des sorts
Après un premier album aux allures de miracle, Midget !, duo composé de Mocke (Holden) et Claire Vailler est de retour avec Bois & Charbon. Cette fois, tous les textes sont en français, donnant l’impression d’ouvrir un grand livre de sorts. La guitare de Mocke et la voix téméraire de Claire Vailler nous entraînent dès les premiers titres, Les remparts et L’Occident, dans un ailleurs, un autre temps dont on peine à dire s’il est ancien ou s’il s’invente progressivement en nous caressant les oreilles. Les mots s’enchaînent comme des formules magiques, les notes partent dans tous les sens pour former un résultat harmonieux, étonnant. Plus que jamais, ce second album est l’occasion pour le duo de prendre des risques, de chercher, de s’abandonner, de se perdre. C’est débordant de créativité, ça ne ressemble à rien d’autre, c’est tellement inspiré et plein de subtilité que des dizaines d’écoutes suffisent à peine à en percer le mystère. Bref, c’est aussi bien que le précédent, tout aussi emballant, différent, cohérent, fou et à pleurer.
Les mélodies limpides sont le fruit d’un travail complexe et ensorcelant, les paroles sont des poèmes, tout n’est que raffinement et délicatesse. Une succession d’éclats de beauté, la sensation grisante de se dire qu’on écoute quelque chose au goût d’inédit, qui détonne, qui surprend en permanence sans pour autant jamais prendre de haut. Les titres impressionnent, fascinent tout en paraissant simples, taillés pour chacun de nous. Le plus simple pour se laisser emporter au cœur de ce troublant voyage est de fermer les yeux et de se laisser aller. S’il y a bien une chose que Midget ! sait faire, c’est incruster dans nos petites têtes, instantanément, une multitude d’images, de bribes de souvenirs ou d’émotions. Et à chaque écoute tout change, se renouvelle, comme si les morceaux se réinventaient au fil du temps, jouant avec notre imaginaire.
Parvenir à une telle grâce en étant tellement sur le fil, comme parfois au bord d’un précipice même, force l’admiration. On commence à bien le savoir : Mocke est un guitariste aventureux. Ici il semble vraiment se faire plaisir et sa guitare saisit le corps et l’esprit, nous attrape pour mieux nous plonger dans un état sécond, entre un doux sommeil et un embrasement qui nous amène à nous sentir plus vivant que jamais. Claire Vailler, elle, donne sans cesse le frisson : sa voix n’en finit plus d’oser, de se mettre en danger, bouleversante de vulnérabilité une seconde et majestueuse de maîtrise la suivante. Mi-fée mi-sorcière, toujours intrigante, toujours insaisissable. Gorge s’enflamme se déploie : un enchantement total, une piste imprévisible. On s’emballe, encore : mais c’est complètement dingue ! C’est complètement beau ! Comme un conte ou une invocation.
Midget !, c’est à part, c’est de la magie des mots et des sons, c’est obsédant. Bois et charbon, on arrive pas à en sortir alors on y revient. On reste bloqués et enivrés dans ce labyrinthe. S’il faut lâcher d’autres préférences pour quelques tours en particulier : Sans ombre cristal, Terre Folle et Echo s’imposent sans doute naturellement au bout de quelques jours d’écoute. Mais ils seront vite rattrapés par d’autres histoires, d’autres chapitres. Il y a des artistes qui vous touchent tellement que vous avez juste envie de leur envoyer des petits cœurs. Midget ! <3 <3 <3