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Superbravo, A space without corner : les surprises pop d’Armelle Pioline
Après le jukebox virtuel et le vinyle en édition limité (paru sur un label mystérieusement disparu depuis), le premier album solo de la géniale Armelle Pioline (chanteuse d’Holden) alias SuperBravo est enfin disponible dans les bacs ou en version digitale.
Pour l’occasion, ces premières aventures solitaires en langue anglaise, intitulées A space without corner , disposent de morceaux pour la plupart réarrangés ainsi que de nouveaux titres des plus enthousiasmants. On se laisse ainsi volontiers caresser les oreilles par l’imparable Different Sound, arty, sexy et vénéneux en diable, ou tout simplement cajoler par le gracieux Bite my lips.
Pour le reste, que de merveilles dont les fans de la première heure ne se lassent toujours pas.
Il y a « L’holdenien » Killing Me, ballade nous plongeant dans un parc, face au ciel étoilé, l’âme dans la brume. Une merveille pop sur les paradoxes de l’amour, la soif de passion et la peur de l’attachement. Alors qu’avec une façon presque candide la chanteuse balance « Just in case you’ll never come back, i wanna tell you that i love you », difficile de retenir son émotion. Plus rentre dedans, One of it , lui, fait se frotter la pop au rock. On s’y déhanche au rythme de guitares jouissives et noisy.
Presque country, Cars nous entraine dans une ambiance totalement différente, entre western et boucles de jeux vidéos. La mélancolie n’est jamais loin, le minimalisme assumé de pop songs tour à tour amères ou sucrées fait mouche.
A space without corner nous fait passer par tous les états et prend des allures de boite à trésors. Presque de nulle part surgit Dewdrop, titre down tempo, aux inspirations dub et trip-hop. Atmosphère embuée, triste, sensuelle. Aussi surprenant que planant. Lui succède Multiply the rain, instant « rainbow pop », aux paroles simples, irrésistiblement naïves.
Après une reprise de Syd Barrett (Wined and Dined) et une virée aux accents country pop (Motherland), Armelle Pioline s’en va, nous laissant avec une seule envie : réécouter encore et encore cette production sans étiquette, modeste mais ô combien maitrisée, touchée constamment par la grâce. Un disque magique.