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Transbluency : l’album enchanteur
Chronique du premier album de « Transbluency »
D’après la légende, le guitariste de génie Mocke (Holden) aurait été ensorcelé il y a plusieurs années de cela alors qu’il découvrait sur scène la belle Claire Vailler se produisant sous le nom de Transbluency. Ils allaient plus tard former le captivant et ensorcelant duo Midget (deux albums, deux chef d’œuvres). Surprise de 2016 : le projet Transbluency remonte à la surface et sort un premier album éponyme. Et comme on comprend Mocke : qui ne tomberait pas amoureux en ayant ce son majestueux dans les oreilles ?
Claire Vailler s’est replongée dans ces anciens morceaux pour enfin les enregistrer, les réajuster et accoucher d’un disque tout simplement sublime. Les fans de Midget retrouveront toute la grâce et la profondeur du duo et ne seront pas dépaysés puisque Mocke (à qui l’album est dédié) est en fond avec sa guitare magique. On a beau tenter de chercher la petite bête, on ne trouve rien à jeter de cet ensemble transcendant. 10 pistes d’une beauté et d’une cohérence inouïes dont le mystère ne s’étiole jamais.
Le chant est d’une sensibilité, d’une fragilité et d’une pureté des plus bouleversantes. Les paroles sont aussi élégantes que poétiques (certains morceaux adaptent des poèmes d’Emily Dickinson, Thomas Hardy et Emily Brontë). Les mélodies d’une puissance enchanteresse renversante. Et tout ça est livré avec une simplicité, une incroyable modestie, comme si Claire Vailler ne réalisait pas qu’elle transforme en or tout ce qu’elle touche.
Complètement intemporelles, les différentes pistes se caractérisent par cette fusion quasi improbable de limpidité et d’étrangeté. Oui, c’est pointu, d’une finesse rare. Et en même temps c’est extrêmement généreux, ça touche tout de suite en plein cœur et nous plonge dans un ailleurs où toutes les rêveries deviennent possibles. Les chœurs nous donnent l’impression d’être au milieu d’un conte de fées, les arrangements n’ont pas de frontière, la voix n’en finit plus de se mettre en danger et devient du cristal. C’est peu dire que Transbluency n’a peur de rien. L’album tout entier est porté par un amour contagieux de la musique dans sa plus grande pluralité, par une foi, un courage, une mise à nue bouleversante à grands coups de flottements, de chamboulements et de fantômes.
La vulnérabilité hyper émouvante qui en émane ne flirte jamais avec la candeur. Le beau est vénéneux aussi et dans cet univers qui semble aussi familier qu’il nous propulse vers des horizons fantastiques et lointains, la peur et la noirceur rodent parfois. Hypnotique et merveilleux, ce disque est un trésor. Bienheureux ceux qui auront l’occasion de lui offrir leurs oreilles.
Label : Wild Silence