Suuns, Zeroes QC : dans la nuit, enivrés

C’est l’année dernière qu’est sorti Zeroes QC, le premier album des montréalais de Suuns. Je m’étais arrêté dessus après avoir vu une vidéo des plus intrigantes sur le site The drone. Mais finalement il aura fallu attendre ces dernières semaines pour que je plonge enfin véritablement dans cet univers atypique et cinématographique. Zeroes QC fait partie de ces disques qui s’apprivoisent avec le temps, qui nécessitent curiosité et patience, dont l’écoute s’amplifie forcément au casque.

Le coup de foudre n’est pas exclu pour autant. Armed for peace nous aguiche dès ses premières notes d’une langueur étourdissante. Submergés par des boucles à la noirceur assumée, on ne peut résister et on se laisse entrainer jusqu’à de furieuses guitares. L’ombre de My bloody valentine n’est jamais très loin et à l’écoute de morceaux comme Gaze ou Sweet Nothing on pense à d’autres héritiers du groupe mythique comme Autolux par exemple. Mais il n’y a ici que peu de place accordée à la pop. Quitte à s’acoquiner, Suuns se laisse plutôt séduire par une électro vénéneuse (Arena).

Les titres défilent et on a de plus en plus l’impression d’être défoncés. Pie IX nous fait sortir dès ses premiers bruitages d’une réalité trop lisse. Up past the nursery , lui, nous ramène à un côté lancinant et étonnamment sexuel. Si l’album était un film, il serait à n’en pas douter constitué de nombreux passages au ralenti, sublimant chaque seconde, chaque effort. Hypnotique à souhait, ce voyage est vivement conseillé.