« Feral Connection » : une mini-série gay émouvante et attachante

Sortie aux Etats-Unis sur la plateforme gay Dekkoo, « Feral Connection » (« Feral » en VO) est une jolie pépite. Si vous avez été sensibles à des films comme « Weekend » ou « I want your love », cette mini-série réalisée par Morgan Jon Fox risque fortement de vous séduire.

Arty à souhait, l’ensemble prend place à Memphis au sein d’une petite communauté d’artistes. Billy (Jordan Nichols) vit en colocation avec son meilleur ami Daniel (Seth Daniel) ainsi qu’avec un ami de celui-ci, Jordan (Tristan M. Garner). Les choses se compliquent alors que ce dernier, ancien toxicomane, replonge. Billy trouve en effet du crack dans son appartement et il n’est pas du genre à transiger. Mis à la porte, le jeune homme continue d’entretenir une liaison sexuelle secrète avec Daniel. La liaison est secrète car Daniel est déjà en couple avec un autre garçon, CQ (Jacob Rickert) qu’il traite de plus en plus avec mépris.

La série se focalise rapidement sur Billy et Daniel. Ils sont tous les deux artistes et rêvent d’un ailleurs. Billy tente d’exorciser sa séparation avec son ex disparu dans de terribles circonstances à travers un court-métrage qu’il réalise. Profondément nostalgique et mélancolique, il a du mal à se fondre dans le réel, se coupe à tout amour potentiel et se laisse submerger par ses souvenirs meurtris avec celui dont il était fou amoureux mais qu’il n’a pas pu sauver d’une profonde dépression.

Daniel, lui, est tout aussi à vif. Il est paumé et ne sait pas où il va. A son vertige il n’a trouvé comme seul remède de mener une vie assez dissolue ponctuée de passades sexuelles.

A ce duo s’ajoutent Emily (Leah Beth Bolton), la meilleure amie fille de Billy, comédienne fidèle et toujours là pour l’épauler dans les pires moments puis Carter (Chase Brother) un bel inconnu à la sexualité floue rencontré dans un bar qui ne va pas manquer de troubler un peu tout le monde.

Très attachante, « Feral Connection » suit les hauts et les bas d’une bande d’amis soudés. Ca aurait pu être léger comme une sitcom, doté de nombreux retournements artificiels comme n’importe quel soap opera mais Morgan Jon Fox déploie sa propre petite musique lo-fi. Par moments très dramatique et franchement bouleversante, la série avance par petites touches et dresse de chacun de ses personnages un portrait très sensible et tout en nuances.

Chaque protagoniste est mis à nu, percé dans son mystère entre narcissisme, égoisme et besoin essentiel d’être aimé. Le fantôme d’un amour perdu qui ne veut pas s’estomper, la peur de ne pas être à la hauteur dans la vie, la difficulté de trouver sa place. Avec un style très personnel, l’auteur sonde les rêves et angoisses d’une certaine génération d’artistes avec énormément de coeur.

Ce qui nous fait définitivement succomber, c’est le réalisme autant que la tendresse qui émanent des rapports entre les personnages. « Feral Connection » fait l’effet d’un grand câlin lors d’un moment difficile. C’est beau comme tout, plein de sincérité, d’amour. Un passage de l’ombre à la lumière, de la mélancolie à l’espoir qu’on recommande chaudement.

Disponible en DVD aux éditions Optimale