FICTIONS LGBT
THE STRANGE ONES : un enivrant cauchemar avec Alex Pettyfer
Au rayon des films surprises de l’été 2018, voici « The strange ones », film indépendant américain qui marque par sa singularité et sa faculté à nous retourner le cerveau.
Dès les premiers plans, étirés et taiseux, on comprend qu’on va basculer dans un drôle de trip. Le spectateur adopte le regard du personnage principal, Sam (James Freedson-Jackson, d’une vulnérabilité bouleversante), jeune adolescent qui donne l’impression de pouvoir s’effondrer d’une seconde à l’autre, au regard d’une mélancolie infinie. Un incendie et puis un voyage en voiture qui commence, aux côtés de Nick (Alex Pettyfer). Quand ils croisent des gens, Nick dit qu’ils sont frères mais on devine que leur relation est d’un autre ordre…
La route, un motel, la campagne, les bois… Nick et Sam sont censés partir pour camper. Mais petit à petit les pièces du puzzle s’assemblent ou se mélangent, esquissant l’urgence d’une fuite, le poids d’une menace. La confusion règne dans l’esprit du jeune Sam qui a du mal à faire le tri entre traumatismes et refoulements. Ne vaut-il pas mieux parfois s’accommoder des mensonges pour survivre ?
Si la piste d’une relation tordue et à la lisière de la pédophilie s’esquisse dès les premières minutes , semant au passage un profond malaise, le duo de réalisateurs formé par Christopher Radcliff et Lauren Wolkstein déjoue les attentes et nous fait plonger dans un véritable trip. Les apparences sont trompeuses, le désir complexe et vénéneux, la tendresse est dans l’ombre du morbide. « The strange ones » se déroule sous nos yeux et fait l’effet d’une lente transe hypnotique, fascinante, enivrante et dérangeante à la fois.
Ce voyage dans les profondeurs mentales d’un jeune adolescent perdu face à ses peurs et ses pulsions a le mérite de surprendre, d’égarer et en plus d’un formidable duo d’acteurs il dispose d’une véritable proposition de mise en scène. Les interprétations peuvent être multiples mais ce long-métrage très sensible a le mérite de ne pas trop jouer de son abstraction pour rester lisible et accessible à tous.
La sueur et la barbe d’Alex Pettyfer, l’aspect pétrifié du petit James Freedson-Jackson, la campagne américaine comme un territoire miné où l’on ne sait jamais si chaque main tendue n’est pas un piège : « The strange ones » secoue sans artifices, armé d’un scénario malin et pudique, qui interroge et sonde la noirceur, les névroses et la complexité de liens borderline ou interdits. Une petite claque de cinéma.
Sorti en salles le 11 juillet 2018
LE CRUSH DU FILM
Habitué aux rôles de bogosses, Alex Pettyfer apparaît ici négligé, en mode barbu bucheron. Et il est encore plus hot que d’habitude. L’ambivalence de son personnage, la façon touchy qu’a la caméra de le filmer de façon suave alors que l’on imagine le pire véhicule quelque chose d’extrêmement troublant. Peut-être bien son meilleur rôle à date.