FICTIONS LGBT
B&B de Joe Ahearne : un thriller gay sous tension
Les thrillers gays restent assez rares et il n’est surtout pas fréquent qu’ils soient réussis. On est donc ravis de découvrir « B&B » du réalisateur Joe Ahearne qui mêle crainte d’homophobie et délire paranoïaque avec un certain brio.
Tout commence alors que Fred (Sean Tale) et Marc (Tom Bateman) retournent dans une auberge dans laquelle ils avaient déjà séjournés. Les choses ne s’étaient pas bien passées : le propriétaire (Paul McGann) était homophobe et le leur avait bien fait sentir. Suite à cet instant pénible, le couple avait porté plainte et avait eu gain de cause. Ils reviennent pour narguer l’hôtelier alors qu’ils sont désormais mariés. Forcément, il y a un peu de crispation de la part du proprio…
Les choses se corsent alors que dans le secret, le fils du détenteur de l’hôtel, Paul (Callum Woodhouse), avoue à Fred qu’il est gay, qu’il déteste son père et le redoute. Et soudain arrive dans «le « Bed & Breakfast » un homme russe sexy mais très étrange (James Tratas). Marc suppose qu’il est gay et qu’il en a après le jeune Paul. Fred, lui, trouve l’attitude de cet inconnu particulièrement flippante.
Qui est vraiment cet hôte russe ? Est-il gay ou homophobe ? Est-il payé par le gérant pour violenter Fred et Marc ? Est-il un criminel ? Quand le couple gay se permet d’entrer par effraction dans sa chambre pour assouvir leur curiosité, ils trouvent des choses inquiétantes…
Teinté de militantisme, « B&B » joue aussi et surtout de son climat étouffant. L’auberge va devenir un terrain de jeu morbide où la paranoïa va régner. Le scénario gère bien le mystère et réserve son lots de surprises et autres retournements de situation. Ce que le réalisateur Joe Aherane souligne, c’est qu’encore aujourd’hui il n’est pas pas aisé d’être gay ou de bénéficier d’une équité de droits même dans les pays où tout semble pourtant « gay friendly ». Et c’est surtout encore plus difficile quand votre père est discriminant et ne veut pas voir la réalité en face et quand certains commerces ou services on vous traite en inférieur.
L’action se situe majoritairement dans l’auberge mais la clé de l’intrigue prend place sur une ère de cruising, où les corps se libèrent de façon primitive et anonyme. De terribles et inquiétants incidents vont y avoir lieu au coeur de la nuit, révélant la face obscure de la majorité des personnages. Le filmage dans cette ère de drague est particulièrement intéressant, adoptant un regard à travers des lunettes infra rouges (il se trouve que l’énigmatique protagoniste russe en cache une paire dans sa valise…).
Mariant avec une certaine habileté suspense et discours sur l’homophobie, « B&B » est efficace et ne manque pas de personnalité.
Produit en 2017 // Ce film fait partie de la rubrique « Les inédits », dédiée à des longs-métrages qui ne sont pas sortis ou trouvables légalement en France.