FICTIONS LGBT

SODOM de Mark Wilshin : tout peut arriver

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Premier long-métrage du réalisateur Mark Wilshin, Sodom aurait pu nous intimider par son titre et appartenir à la catégorie des films à thématique gay un peu bas de gamme. Mais dès les premières minutes, on comprend qu’on est ici face à une jolie surprise. Transcendé par le charme hallucinant de l’acteur Jo Weil, le projet a le mérite de déjouer nos attentes.

C’est la nuit à Berlin et Will (Pip Brignall), un garçon de 20 ans, est menotté dans le plus simple appareil à un réverbère. Ses amis lui ont fait une mauvaise blague. Un très charmant inconnu en costume , Michael (Jo Weil), passe par là et décide de lui venir en aide. La tension sexuelle est immédiate, se profile un coup de foudre et bien évidemment Will ne résiste pas à l’invitation de venir prendre un verre.

En arrivant chez Michael, il découvre un luxueux appartement étrangement vide. Les deux hommes partagent un moment de plaisir. Michael, à la fois séduisant et un peu étrange, propose à son partenaire de rester. Ce dernier hésite, décide de partir puis revient, irrésistiblement attiré par cet homme magnétique au regard qui brille. Ils vont passer ensemble une nuit donnant lieu à de nombreuses révélations et questionnements.

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Si au départ on jurerait que la chose va tourner au thriller (un climat nocturne, sexy et un peu inquiétant; des personnages aux motivations floues, des ralentis troublants…), le réalisateur Mark Wilshin nous propose finalement un curieux et séduisant mélange entre un film de coming out et « Week end ».

Michael et Will abattent progressivement leurs cartes. Le premier ne s’est visiblement pas remis d’une rupture terrible et laisse deviner un profil assez obsessionnel. Le second est sur le point de se marier avec une fille (son amoureuse depuis le lycée) et refoule sa possible bisexualité ou homosexualité. Le thème n’est pas spécialement original mais la mise en scène est particulière, extrêmement sensuelle, matérialisant comme rarement le vertige du coup de foudre charnel, l’attirance pour quelqu’un qui entre d’un coup dans votre vie et semble pouvoir la faire basculer.

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Il y a vraiment quelque chose qui se passe autour du personnage de Michael et de son acteur, le méga sexy Jo Weil. Par moments je n’arrivais presque plus à respirer tellement je le trouvais irrésistible. C’est bien sûr lié à son incroyable charme naturel mais aussi à la caméra qui le sublime à chaque seconde et nous donne l’impression de vivre cette rencontre en temps réel. C’est comme si l’on était face à lui, que l’on sentait sur nous ses regards, ses sourires craquants et qui provoquent la mise à nu. Jo Weil est absolument parfait dans ce rôle, séduisant comme pas possible et en même temps un peu flippant. Jusque dans ses dernières minutes, le film joue autour du mystère qui entoure sa rupture. Il est à la fois le prince charmant qu’on attend tous et un homme brisé dont on pourrait imaginer qu’il serait capable du pire. Son emprise magnétique rend fou.

En opposition, Will, qui clame haut et fort être un hétéro qui se tape juste des mecs de temps en temps, est de plus en plus désarmé face à ce qui lui arrive. Comment résister, tourner le dos, à un homme qui vous regarde et vous caresse comme ça ? Sodom parvient à projeter à l’écran tous ces signes, ces petites choses qui font que l’on peut tomber amoureux en une nuit. Mais parfois tout peut être là et ça ne marche pas… A la façon d’un « Before Sunrise / Before Sunset » de Richard Linklater, le long-métrage joue sur le suspense de savoir si ses deux personnages, denses et joliment écrits, finiront ensemble ou non.

Pour sa façon très réaliste, sensuelle et sensorielle de mettre en scène une rencontre ainsi que pour son atmosphère pulsionnelle, entre plénitude et angoisses, Sodom mérite le coup d’oeil.

Film disponible en DVD chez Optimale et sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen

 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3