FICTIONS LGBT
VELVET BUZZSAW de Dan Gilroy : Jake Gyllenhaal, de l’art contemporain et du sang
Débarqué sur Netflix en ce début d’année, Velvet Buzzsaw avait plus d’un élément pour nous faire saliver. C’est ,déjà, le nouveau film du réalisateur Dan Gilroy après le très réussi « Nightcall », toujours en compagnie du sexy Jake Gyllenhaal. Ce dernier y campe un critique d’art contemporain bisexuel qui bascule peu à peu dans l’horreur. Pas aussi fou et culotté qu’annoncé, le projet pourrait tout de même vous faire passer un bon moment.
On y suit donc Morf Vanderwalt (Jake Gyllenhaal), critique d’art contemporain ultra influent. A tel point que quand il décide de démonter une oeuvre, cela peut briser toute une carrière. Conscient de son pouvoir, ce garçon élégant, esthète et volontiers cinglant se laisse inviter et bichonner par toute la profession allant d’expo en expo. Mais que personne ne se mette en tête de l’acheter : il prend son rôle de critique impartial très à coeur !
Il y a des galeries et musées que Morf affectionnent plus que d’autres. L’espace de Rhodora Haze (Rene Russo) fait partie de ses favoris. Ils semblent être pratiquement toujours d’accord sur tout. L’assistante de Rhodora, Josephina (Zawe Ashton) est par ailleurs devenue amie avec Morf voire plus… En effet, après une liaison express ils décident de se mettre en couple, Morf étant irrésistiblement attiré par elle. Il quitte son petit copain avec qui il était en ménage pour entamer une romance avec cette jeune femme qui rêve de se faire un jour un nom dans le monde de l’art contemporain.
Tout bascule quand un jour Josephina trouve un de ses voisins mort, Vetril Dease. Elle apprend qu’il était peintre et stockait une multitude d’oeuvres chez lui. Il aurait demandé à ce que tout soit jeté ou brûlé. Mais alors que Josephina pénètre chez lui, elle est ensorcelée par son travail. Des dizaines d’oeuvres troublantes sont à disposition, Vetril Dease n’a plus aucun proche… Josephina récupère ses tableaux et les montre à Morf et Rhodora. Les oeuvres ont une sorte de pouvoir hypnotique sur les gens. Quiconque s’approche d’un des tableaux de Vetril Dease devient automatiquement subjugué.
Ce que Josephina ignore et refuse de voir c’est que le travail de Dease cache des recoins terriblement sombres et que ses tableaux ont un pouvoir maléfique. L’espace de quelques semaines, les morts mystérieuses vont s’accumuler. Alors que Morf écrit un livre sur l’artiste et mène une enquête approfondie, il découvre qu’il s’est embarqué dans un véritable cauchemar… et qu’il est peut-être déjà trop tard.
Velvet Buzzsaw alterne avec un certain panache passages de comédie, thriller et horreur. Le petit monde de l’art contemporain en prend pour son grade, dépeint de façon grinçante avec ses personnalités narcissiques, hypocrites, futiles, des oeuvres qui tournent parfois à la blague et la toute puissance de l’argent.
La première partie est bien écrite, mordante, délicieusement cynique. Puis le film bascule vers le surnaturel avec la découverte des tableaux de Vetril Dease. Un petit côté Dorian Gray / Edgar Allan Poe avec ces tableaux hypnotiques et dangereux qui vont diffuser le Mal (et dont la vision même à travers un écran est perturbante – c’est très réussi dans le genre creepy). La partie horrifique est dans un premier temps efficace et troublante, notamment dans sa façon de montrer comment notre regard, bouleversé par une oeuvre, ne redeviendra plus jamais le même ou comment l’art peut nous consumer, nous bouffer de l’intérieur, pervertir nos yeux et nous faire vriller vers les ténèbres.
Hélas, plus le film avance plus il s’égare finissant par ressembler à une version branchée de « Destination Finale ». En soit on ne passe pas un mauvais moment : c’est un plaisir coupable léché avec un casting de luxe et une atmosphère un peu camp (Jake Gyllenhaal est dément en petite fouine et Rene Russo et Toni Collette font de super biatches).
Mais le début était si prometteur qu’on pouvait s’attendre à plus de fond, de maîtrise, d’audace plutôt qu’à un slasher un peu concon. Velvet Buzzsaw finit un peu par ressembler à ce qu’il dénonce : une oeuvre un peu vaine qui excite plus pour son emballage que pour sa proposition / son audace artistique.
Enfin, on pourra regretter que la bisexualité du personnage principal soit absolument décorative et mal équilibrée (aucune scène intime entre garçons contre une pléthore de passages sensuels hétéros). Un petit détail qui fâche.
Bref ce n’est pas un grand film qui marquera les esprits mais ça reste assez perché, fun et bitchy pour vous faire une soirée Netflix tranquille sans trop réfléchir.
Produit en 2018 / Disponible sur Netflix