FICTIONS LGBT
GEOGRAPHY CLUB de Gary Entin : gay au lycée
Etats-Unis. Russell (Cameron Deane Stewart) est un adolescent cultivé, sensible et discret. Il passe la majorité de son temps libre avec son meilleur ami Gunnar (Andrew Caldwell). Mais alors que ce dernier, comme beaucoup de jeunes de son âge, ne pense qu’aux filles, Russell, lui, a l’air ailleurs. Et pour cause : il est homosexuel. Il tente de faire une rencontre sur Internet mais personne ne vient. Son rencard s’est en fait débiné : il s’agissait de Kevin (Justin Deeley), beau joueur de foot du lyçée, populaire, qui en découvrant l’un de ses camarades de classe avait soudain eu peur pour sa réputation. Leur vraie rencontre se fera finalement au détour d’un voyage scolaire. Mais alors que Russell et Kevin s’embrassent sous une pluie battante, une des filles du bahut les surprend. Quelques jours plus tard, ils reçoivent une étrange note les invitant à un rendez-vous dans une salle de classe. Russel s’y rend, apeuré à l’idée de devenir l’objet d’un chantage. Il découvre à sa plus grande surprise que la fille qui l’a surpris attend toute autre chose de lui : elle aimerait qu’il rejoigne le « Geography Club » – nom déguisé pour un groupe de soutien aux jeunes gays et lesbiennes du lyçée. D’abord sceptique, Russel finit par rejoindre la petite bande. Il poursuit dans le même temps son flirt avec Kevin, qui l’intègre dans son équipe de foot et en fait l’une des nouvelles coqueluches de l’école. Mais Kevin qui, malgré des parents très tolérants, refuse d’assumer son homosexualité, insiste pour que leur relation naissante reste secrète…
Premier long-métrage de Gary Entin, Geography Club est l’adaptation d’un roman de Brent Hartinger. L’histoire est on ne peut plus basique, pas très originale, et montre la quête d’acceptation d’un jeune gay américain au début des années 2010. Et malgré les évolutions de la société, pendant l’âge ingrat les choses ne sont toujours pas des plus simples. Être gay au lyçée peut parfois s’avérer être une tare, transformer un garçon populaire en marginal malgré lui. Très apeuré à l’idée de décevoir ses parents et voir son quotidien troublé, Russell est prudent. Il drague sur Internet. Mais quand Kevin l’embrasse, l’homosexualité devient une réalité. Et si celui qui pourrait bien devenir son petit ami refuse de vivre une relation au grand jour, Russel, lui, a de plus en plus envie de s’assumer. Le fait qu’il ait rejoint le « Geography Club » n’y est sans doute pas étranger : il découvre avec le sourire d’autres jeunes qui passent par les mêmes interrogations que lui, se sent moins seul. Mais de là à faire son coming out, mettre en péril sa réputation et sa relation naissante avec le beau footeux du bahut…
Les questionnements ne sont pas nouveaux, les situations ne le sont pas nécessairement non plus (on échappe pas au malaise du jeune gay qui se retrouve avec une fille à ses trousses, sans trop savoir comment s’en débarrasser sans se griller). Ce qui séduit ici, c’est la sensation de retrouver la candeur de l’adolescence, des premiers émois. C’est un peu naïf, volontairement fleur bleue, délicat, et si tant est qu’on ait envie de revenir en arrière, de se souvenir de l’âge des premières fois, des hauts et des bas dans les couloirs du lyçée, on succombe sans mal. Les personnages sont globalement très attachants et le duo que forment Cameron Deane Stewart et Justin Deeley (l’un des bellâtres de 9O21O) est pour le moins alléchant.
Gary Entin joue sur les éternels fantasmes romantiques de l’adolescence, dresse avec pudeur le portrait d’un âge à la fois merveilleux et compliqué, rend justice à ceux qui sont considérés comme des losers car ils n’entrent pas dans le moule. Eloge de la différence, de la singularité, ce cheminement vers l’acceptation de soi est un plaisir de chaque instant- parfois coupable certes, mais mettant tellement de baume au cœur…
Film produit en 2013 et disponible sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen