FICTIONS LGBT

AU BORD DE LA RIVIÈRE de Grant Scicluna : sombre vérité

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Australie. James (Reef Ireland), sort de prison. Il avait été jugé et condamné dans son enfance pour avoir enlevé et probablement avoir provoqué la mort d’un petit garçon. Le corps n’a jamais été retrouvé. Le retour à la civilisation n’est pas des plus évidents : dans la bourgade où il vit, tout se sait et personne n’a oublié l’incident. Rongé par la culpabilité, James est surtout hanté par cette tragédie d’autant plus que, épileptique, il ne se souvient pas de ce qui s’était passé le jour où tout avait basculé. Il décide de mener l’enquête, à la recherche d’une vérité bien plus sombre que tout ce qu’il aurait pu imaginer. Ses doutes l’amènent à recroiser la route de son meilleur ami de l’époque, l’ambigu et séduisant Anthony (Thom Green). Ce dernier était à ses côtés au moment du drame mais s’en était sorti face aux autorités…

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Premier long-métrage du réalisateur Grant Scicluna, Au bord de la rivière nous plonge dans un bled paumé de l’Australie plein de secrets. La misère sociale est palpable, on boit ou on fume des joints pour fuir un quotidien sans perspective. Dans ce contexte peu reluisant, James, assassin présumé, tente de résoudre le drame de sa vie. Garçon sensible, fragile et épileptique, il traine sa mine tourmentée et apeurée, en quête de réponses. La mise en scène joue sur le côté ombrageux et un peu cradingue des décors, de quoi faire de ce long-métrage un thriller frontal, réaliste et malaisant.

Au centre du film, la figure d’Anthony, ancien meilleur ami de James, qui joue de son apparence de minet pour séduire et abuser les gays des environs. Manipulateur, dominateur, il entraîne vers les pires profondeurs tous ceux qui se risquent à se frotter à lui. La force de l’ensemble tient dans son regard, quasi documentaire, plein de sensibilité, qui refuse de céder aux sirènes de l’esthétisation. C’est rondement mené, on a souvent froid dans le dos, c’est parfois glauque. « Au bord de la rivière » est un « thriller sec » habile et réussi qui sonde le désespoir et la violence des classes délaissées et les zones les plus sombres de l’âme humaine, entre érotisme vénéneux et recherche semi-désespérée de rédemption.

Film produit en 2015 et disponible sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3