TU MÉRITES UN AMOUR d’Hafsia Herzi : nouvelle confusion des sentiments

L’actrice Hafsia Herzi passe derrière la caméra avec Tu mérites un amour, un premier long-métrage tendre et tout personnel qui capte très bien la confusion des sentiments de la jeunesse des années 2010.

Lila (Hafsia Herzi) ne va pas bien. Cela fait maintenant un moment que celui qu’elle aime, Rémi (Jérémie Laheurte), joue avec ses sentiments. Un coup il lui dit qu’il l’aime, un autre il demande à faire une pause. Alors qu’elle le surprend après une nuit d’infidélité, c’en est trop. Elle décide de prendre ses distances, épaulée par son meilleur ami gay Ali (Djanis Bouzyani). Mais tirer un trait sur un ex et sur une passion est plus facile à dire qu’à faire. Bien qu’elle tente de se détacher, Lila est tentée de rechuter à plusieurs reprises. Et même si Rémi part en Bolivie pour faire le point loin d’elle, il a le chic pour se rappeler à son bon souvenir.

L’espace de quelques semaines, la jeune femme va réapprendre à vivre seule, se ré-approprier sa féminité. Triste, Lila apparait paradoxalement séduisante et attire plusieurs garçons vers elle. Un bel inconnu sportif dans un parc (Karim Ait M’Hand), un beau parleur dans une soirée (Alexander Ferrario), un couple libertin, un jeune photographe (Anthony Barjon). Ces rencontres plus ou moins fructueuses vont aider la jeune femme à aller de l’avant et se reconstruire.

Tu mérites un amour se distingue par son naturel et son charme. Dans un Paris estival, le personnage principal déambule entre sorties avec ses amis et instants de séduction. Les dialogues sentent le vécu et sont souvent savoureux, renforçant une sensation de délicieuse spontanéité. La mise en scène est modeste et délicatement sensuelle, filmant le désir au féminin sans fausse pudeur.

C’est sentimental, dans l’ère du temps et Hafsia Herzi capte quelque chose de la grande confusion des sentiments qui anime les jeunes d’aujourd’hui. Portrait d’une génération libre mais perdue face aux multiples choix qui s’offrent à elle. On a de plus en plus de mal à se poser, à être fidèle, à accepter de faire de la place à l’autre et d’en faire une priorité. C’est la jungle, chacun est bourreau et victime à la fois. Mais persiste cette envie d’aimer, cet espoir de mériter une romance qui fait du bien et qui dépasse le stade de la parenthèse charnelle ou de la passion toxique.

Le film est ludique, généreux, sensible. Il alterne avec brio des passages de comédie, des instants sexy et des introspections et autres moments de solitude à vif. Le caractère intimiste de l’ensemble fait définitivement mouche.

Film sorti le 11 septembre 2019