FICTIONS LGBT
THE POLITICIAN , saison 1 : prêts à tout
Première série développée par Ryan Murphy spécialement pour Netflix, « The Politician » suit un étudiant très ambitieux de Santa Barbara qui se rêve en Président des Etats-Unis. Une bonne excuse pour délivrer un show sassy riche en coups bas et s’appuyant sur un habile mélange de comédie et d’émotions. Avec notre chouchou Ben Platt dans le rôle principal.
Payton Hobart (Ben Platt), enfant adopté d’une très riche famille, rêve depuis le plus jeune âge de devenir Président des Etats-Unis. Il y consacre toute sa vie et son ambition ne semble pas avoir de limites. Soutenu par sa mère (Gwyneth Paltrow) et ses camarades du lycée, il entreprend dans un premier temps de se présenter pour devenir Président de son école. Son programme est bien rodé, il a sur le papier toutes les chances de son côté. Sauf que se présente face à lui sans prévenir River (David Corenswet), son ami bogosse (et accessoirement amant) ultra populaire. Payton est fou de rage et craint d’être vaincu. Mais de tragiques événements vont écarter River de la course… et c’est la copine prête à tout de ce dernier, Astrid (Lucy Boynton), qui va déclarer la guerre à Payton.
Durant plusieurs mois, la course au pouvoir est impitoyable. Dans chaque camp, on cherche le petit secret, la faille, pour faire couler l’autre. Tous les coups seront permis. Et plus la tension monte, plus Payton s’oublie lui-même, trop aspiré par son ambition.
On retrouve les ingrédients qui font le sel des comédies créées ou produites par Ryan Murphy avec un côté volontairement hystérique, une imagerie pop et colorée, des personnages qui s’amusent des clichés et figures incontournables des teen movies. Toutefois, ce qui avait pu en fatiguer certains au détour d’une production comme « Scream Queens » se voit ici contrebalancé par une part dramatique qui réserve des moments d’émotion bien amenés. La relation entre Payton et sa mère est touchante, sa relation perdue avec le beau River aussi.
On se marre bien, les seconds rôles comptent beaucoup de personnages LGBT, Jessica Lange en fait joyeusement des caisses dans un rôle de mère monstrueuse et Ben Platt met toute son énergie dans un premier rôle de jeune homme bisexuel ambivalent et pas toujours aimable. Ce dernier est clairement la grande révélation de la série. On l’a connu ici comme chanteur vibrant et romantique et il apparaît à l’écran plus lisse que jamais en surface mais bien plus complexe et tourmenté que ce qu’il laisse voir.
S’articulant autour d’une multitude de coups bas, jouant parfois avec les codes du thriller, doté d’une bonne dose d’autodérision, « The Politician » montre comme la soif de pouvoir peut rendre fou. Ça n’est pas une image glorieuse de la politique, loin de là. En quelque sorte, la série montre les racines du mal car dès le lycée certains oublient l’essentiel pour ne plus avancer qu’en fin stratège, en communicant plutôt qu’en étant sincèrement humaniste.
Plus ambitieuse que ce à quoi on aurait pu s’attendre, « The Politician » dépasse le stade du plaisir coupable, s’autorise des ruptures de ton assez nettes (un épisode mordant consacré à un « électeur type », un dernier épisode qui change totalement la donne et donne furieusement envie de voir la saison 2). Avec son casting queer survolté, c’est une des belles surprises séries de la rentrée 2019.
Saison disponible sur Netflix France