CINEMA

LA LIGNE ROUGE de Terrence Malick : entre la beauté et la mort

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Le film s’ouvre sur la nature. La nature qui est si chère à Terrence Malick et qui le pousse vers un irrésistible lyrisme. La bataille de Guadalcanal va commencer, des hommes vont mourir. Plutôt que d’avoir recours à l’habituel schéma montrant le départ d’un homme pour la guerre puis le cauchemar des tranchées, le cinéaste fonce sur le terrain. C’est un site qui respire la paix, le respect des autres. Le soldat Witt (Jim Caviezel) l’a compris et savoure ces instants de quiétude. Il a déserté , il espère rester sur cette terre pleine de richesses humaines . Mais l’armée le rattrape et il va devoir se plonger dans l’enfer du combat.

Terrence Malick ne prend aucun parti, il expose les points de vue des différents personnages. Du garçon naïf embarqué dans la galère contre son gré au lieutenant qui veut du sang et qui est heureux de faire sa toute première guerre qu’il a attendu des années durant. On retrouve tout ce qui fait la force des films du réalisateur : voix off employée pour retranscrire les émotions des protagonistes, beauté et mystère de la nature, réflexion sur le bien et le mal. Rarement voix off aura été si transcendante : les prières, lettres, pensées intérieures qui s’entrecroisent sont d’une bouleversante poésie. Le spectateur se sent embarqué dans cette histoire car Malick filme subtilement les combats. Ainsi, il nous arrivera de nous sentir nous-mêmes au sol, dans l’herbe, cachés avec les autres combattants, pris nous aussi de la peur que l’ennemi arrive. L’immersion est totale et les destins divers des personnages suscitent la plus grande empathie. Nous assistons à une superbe galerie de portraits, retranscrivant avec intelligence l’humanité et ses paradoxes.

Comme si faire un film de guerre  original et réussi ne suffisait pas au réalisateur, le voilà qui nous pond une oeuvre aux allures de réflexion sur la vie et la mort. Terrence Malick dépasse le genre, touche à l’universel. Il parait qu’il a mis 20 ans pour faire aboutir son projet, on veut bien le croire quand on voit le résultat. Witt le rêveur amoureux, Staros (Elias Koteas) le juriste attentionné et humaniste, l’ambigu sergent Welsh (Sean Penn) et leurs camarades nous invite dans un voyage cinématographique aussi ample que prenant, aussi beau qu’il décrit la laideur de la guerre, porté par un casting des plus prestigieux. Avec un son et une musique envoûtante, l’ensemble frôle la perfection. Une des plus belles oeuvres de son auteur.

Film sorti en 1998 et disponible en DVD et VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3