MOVING ! De Wakefield Poole : mouvements de garçons

Avec Moving! , le réalisateur Wakefield Poole s’intéresse comme son titre l’indique au corps et ses mouvements. Il y apporte son filmage poétique et retrouve pour l’occasion son acteur fétiche, Casey Donovan, 3 ans après Boys in the sand.

Le film dure un peu plus d’une heure et s’articule autour de trois segments.

House for sale

Casey Donovan ère dans Los Angeles où de nombreuses maisons sont à vendre. L’une d’entre elles, avec un vaste jardin et une belle piscine, attire particulièrement son attention. Au bord de l’eau, le passif blond se met à fantasmer. Apparaît dans son fantasme le viril Val Martin, l’invitant à le rejoindre de l’autre côté de la piscine. Donovan plonge, ressort de l’eau, mouillé, et rampe jusqu’à son partenaire. En plein soleil, les deux hommes s’embrassent, s’adonnent à des préliminaires avant que Casey Donovan ne s’offre totalement. Positions acrobatiques, caméra caressante : sur une musique de Debussy, l’étreinte virile est magnifiée. Un fist s’instaure avec un étonnant naturel, en toute délicatesse. Moment de plaisir suspendu.

Rooms for rent

Rooms for rent, suit pour sa part deux jeunes hommes s’arrêtant dans un hôtel. L’un des deux prend une douche, l’autre le rejoint : caresses au savon. Ca finit au lit où ils se prennent l’un et l’autre. Plusieurs morceaux très typés années 70 ornent les ébats des deux garçons qui ne manquent pas de faire trembler le lit. C’est beau et bien rythmé, les acteurs Burt Edouards et Curt Gerard y mettent du cœur, mais c’est un peu banal (même si l’idée de subitement inverser les rôles, que celui désigné comme passif à la base se transforme en actif bestial a son charme).

Apartment for rent

Le dernier segment nous replonge dans le fantasme. Dave Connors visite un appartement et tombe sur le dessin d’un beau mâle. Alors qu’il touche ce dessin sur le mur, celui-ci prend vie. C’est l’acteur Peter Fisk qui le matérialise. Il va s’occuper de Connors comme il se doit, le dirigeant, le dominant légèrement. Préliminaires, pénétration et fist, cette fois sur une musique de Strauss. La musique classique donne beaucoup d’ampleur à la scène, au point de la rendre mythique. Chaque mouvement de bassin a quelque chose d’héroïque. 

Wakefield Poole prend son temps pour explorer ici chaque partie des corps de ses modèles. A la fois un côté documentaire pour le naturel capté et de la pure fiction car chaque geste, chaque mouvement, est sujet à la contemplation. A noter que l’apparition de Peter Fisk dans le dernier segment en fantôme très sexuel est chargée de sens : après des années en couple avec le réalisateur, il accepta de venir tourner cette scène juste après leur séparation. Après le sexe, Dave Connors et Peter Fisk se prennent dans les bras. Caresses d’amour avant l’adieu.

Film produit en 1974 et disponible sur le site de Bijou Classics