CINEMA
LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT de Jacques Demy : pellicule du bonheur
Rochefort, ses petits magasins, les marins en permission et les jeunes femmes qui rêvent d’amour…Delphine (Catherine Deneuve) et Solange (Françoise Dorléac) sont sœurs jumelles. Elles ont été élevées par leur mère et n’ont jamais connu leur père. Pleines de rêves, elles ambitionnent d’aller tenter leur chance à Paris, Delphine pour percer dans la danse et Solange pour se révéler comme compositrice. Alors que l’heure du départ approche, les deux espiègles sœurs continuent à rêver du grand amour. Y aurait-il encore une chance qu’elles le trouvent dans les parages ?
L’amour, le vrai, c’est le thème principal des Demoiselles de Rochefort. Tous les personnages sont obnubilés par la recherche de l’autre. Solange rêve d’amour et de musique / Delphine quitte un homme avec lequel elle flirte mais pour lequel elle n’éprouve rien / la mère des jumelles, Yvonne (Danielle Darrieux), repense avec nostalgie à son grand amour jadis abandonné / Ce dernier se trouve être de retour à Cherbourg / Le marin Maxence cherche son idéal féminin, qu’il a peint et qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Delphine / Des forains se font jeter par leurs compagnes et courtisent les jumelles…Hasard et sentiments : au détour d’une rue, une grande histoire peut toujours commencer…
Les Demoiselles de Rochefort est sans aucun doute l’un des films les plus connus et les plus aimés de Jacques Demy. Et pour cause : le réalisateur nous offre ici plus de deux heures de pur bonheur ! Mise en scène fantastique, qui ne cesse de ravir : les personnages se mêlent à une ribambelle de danseurs et font s’envoler chaque plan. Un tourbillon de beauté, de couleurs, de fluidité, de grâce…L’enchantement est total. Les chansons, parlons-en : le fidèle compositeur Michel Legrand a concocté pour cette œuvre plus d’un air, plus d’une chanson entêtante et contribue aux multiples envolées d’un long-métrage qui a tout de la sucrerie. Les acteurs sont beaux, touchants, les costumes joliment kitsch, la caméra grue fait des merveilles, on a l’impression d’avoir pris son ticket pour un nouveau monde, où tout ne serait que beauté, légèreté, sincérité…
Prudence toutefois, car comme d’habitude chez le cinéaste, le premier plan édulcoré, presque naïf, cache des choses bien moins belles. La guerre est toujours en fond, un Monsieur tout le monde se révèle être un serial killer…Mais les atrocités, les fléaux du monde sont ici bien vite oubliés : il n’y a que l’amour qui importe. Grâce au chant, les protagonistes s’expriment plus que jamais à cœur ouvert et avancent petit à petit, comme dans une ronde, un ballet vers le dénouement, la fusion avec l’être aimé tant espéré.
Nous assistons à une véritable déclaration d’amour à l’art dans toutes ses formes (Gene Kelly est au casting et le personnage de Delphine rêve de devenir danseuse d’opéra / Solange et Monsieur Dame ne vivent que pour la musique / Maxence rêve en peinture / Les forains tiennent plus que jamais à divertir les foules avec leurs numéros). Une fiction qui embellit le quotidien, la vie , l’amour : on pourrait ainsi résumer ces Demoiselles de Rochefort, qui ne manque ni d’humour ni d’esprit tout en assumant son côté midinette. Le bonheur.
Film sorti en 1967 et disponible en DVD et en VOD