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Claudius Pan sort ses « Griffes »
Avec Claudius Pan tout est toujours question d’expérimentation. Artiste pluridisciplinaire, quand il ne réalise pas des films (Absolu toujours disponible gratuitement sur sa chaîne) ou écrit des livres (le beau et profond Carpe Noctem), il compose de la musique qui semble sortir de sous la terre à moins qu’elle ne vient s’écraser sur nous depuis les cieux.
Ses compositions musicales représentent peut-être la partie la plus cryptique et inconfortable de son univers hors du temps. Preuve en est cette vidéo pour le moins étrange pour sa piste « Griffes » où Claudius s’amuse à nouveau à bousculer les habitudes. Chaos et chant dissonant : on vous prévient l’écoute ne sera pas confortable ! Ça ne parlera sans doute qu’à 1% de la population tellement c’est singulier mais notre bel artiste n’a jamais cherché à être mainstream et c’est aussi pour ça qu’on l’aime tant. Ici on s’est éclaté à l’écouter au casque et on a eu l’impression d’être propulsé au coeur d’une obscure cérémonie nous retournant complètement le cerveau. Chaos oblige, la vidéo réutilise quelques images du chef d’oeuvre, souvent incompris, de Lars Von Trier : Antichrist.
Au-delà de la drôle d’expérience de l’écoute saluons le texte, très beau :
» Et s’il m’était encore permis de traverser ce miroir
Celui abandonné, d’un alliage étrangé, menant vers un ailleurs
Me planter quelques brisures de verres sous les ongles
M’en faire des griffes, une arme poétique
Ronger les murs de ma réalité, la fissurer, la sculpter avec des bouts de songes
Tout devra mourir à l’aube, tout devra renaître après le chaos
Danser avec le diable avant qu’il ne m’égorge
Lui dire que ses démons sont mien
Dans cette embrassade amoureuse lui susurrer que j’aime nos démons
Briser le miroir
Retrouver la glace qui fond sous le regard de l’être aimé
Peut être espérer ne faire qu’un avec le miroir
Continuer cette traversée vers un ailleurs
Celle qui me rapproche d’une intelligence naïve, primaire
Retrouver ces bois
Où l’écorce est armure
Les feuilles couronnes d’un royaume
D’un bain boueux apparaît l’Autre
Dans cette danse qui évoque une bagarre
Naîtra un amour fraternel
Sans frapper un rythme de guerre
Un songe devenu chanson
Gloire à ces rêves devenues réalité
À ces empires d’espoir qui frappent la ville
Bientôt les chiens enragés danseront dans les rues
Les bâtards trop souriants seront princes
Et lui et moi seront les conteurs
Une ville de conte pour soupirer l’idée d’un monde«
Griffes est extrait de l’album complètement fou Maison de famille dont l’écoute intégrale au casque donne l’impression de vivre un train fantôme XXL ou de plonger en plein chamanisme. Une expérience pour le moins abrasive et cathartique. En ces temps troubles, crier un bon coup ne vous fera pas de mal.