FICTIONS LGBT

LES SOLDATS DE L’ESPÉRANCE de Roger Spottiswoode : système mortifère

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Téléfilm américain adapté du livre de Randy Shilts, Les soldats de l’espérance (And the band played on en VO) de Roger Spottiswoode revient sur l’apparition du Sida et les douloureuses et longues années de lutte pour identifier un virus alors inconnu et tenter de stopper une véritable hécatombe.

En 1980, le docteur Don Francis (Matthew Modine) découvre horrifié un village décimé par la fièvre Ebola. Il reste impuissant face à la situation et restera hanté par cet épisode. Des années plus tard, il assiste à l’arrivée d’un étrange virus qui semble s’attaquer spécifiquement aux gays. La communauté et les médias parlent de « cancer gay », les patients décèdent à une vitesse fulgurante dans la douleur et l’incompréhension la plus totale.

Entouré d’une équipe, Don Francis tente de comprendre comment fonctionne ce virus et comment les personnes l’attrapent. A chaque nouvelle étape de ses recherches, c’est une énorme bataille qui est à mener face à une administration qui ralentit absolument tout, des lobbies qui ne pensent qu’à leurs intérêts et même des scientifiques à l’égo mal placé (ainsi suit-on la lutte pour la découverte du virus entre les français de l’Institut Pasteur et le très ambivalent Docteur Gallo qui en prend ici pour son grade).

Outre le cauchemar des malades et des disparitions, une atmosphère de chaos se propage alors que les recherches avancent au ralenti, que la communauté gay se divise et que beaucoup semblent se ficher de ce problème qui touche une minorité qui lutte encore difficilement pour ses droits…

les soldats de l'espérance film

Si la facture du film est classique (ce qui était souvent le cas pour des téléfilms américains des années 1990), ce qu’il raconte est édifiant et fait franchement froid dans le dos. Ceux qui ont vécu à cette période en ont le triste souvenir mais pour les autres Les soldats de l’espérance a une grande valeur historique car il nous fait vivre l’apparition du Sida du point de vue du corps médical qui a essayé tant bien que mal de se battre pour empêcher que les morts ne s’accumulent encore et encore.

C’est peu dire que tout a été de travers. Le Président Reagan ne semblait pas très préoccupé par l’avalanche de morts touchant dans un premier temps essentiellement des homosexuels. On voit qu’au moment où il n’était pas encore avéré que le virus se transmettait par voie sexuelle une partie de la communauté gay s’opposait à la fermeture du sauna, se sentant une fois de plus persécutée. Sans parler des honteux dans le placard qui étouffait leur maladie ou ceux inconscients refusant de voir la vérité en face et continuant de multiplier les rapports.

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On voit aussi et surtout la galère des chercheurs dont la vocation et la passion sont largement étouffées par un enfer protocolaire et administratif tristement toujours en vigueur. Peu de moyens à disposition et des validations obligatoires dans tous les sens. Il en fallait de l’espoir et de la ténacité pour ne pas jeter l’éponge.

Le long-métrage revient également assez largement sur deux scandales de l’époque : celui de la contamination par transfusion de sang (des personnes malades avaient reçu du sang de personnes infectées et bien que conscients du problème, les groupes responsables ont nié et n’ont rien fait pendant un long moment pour des questions économiques, conscients qu’ils allaient déclencher des morts supplémentaires) et celui de la découverte du virus (avec un Robert Gallo dépeint comme un scientifique mégalo n’hésitant pas à parasiter les avancées pour essayer de se poser en héros… et faire du profit avec les tests).

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Si le sujet est avant tout le Sida (on voit en arrière-plan la douleur de la communauté gay et des personnes infectées, tout le monde étant impuissant face à un nouveau virus imprévisible), on peut facilement remplacer ce virus par un autre et Les soldats de l’espérance pointe du doigt à quel point il est problématique d’avoir fait de la Santé dans nos sociétés modernes un business. Une oeuvre qui a valeur de témoignage, qui pousse à l’indignation et qui émeut aussi souvent, portée par un très joli casting qui fait défiler entre autres Ian McKellen, Richard Gere, Nathalie Baye, Anjelica Huston, Phil Collins ou Tchéky Karyo.

Film sorti en 1993 et disponible sur Mycanal

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3