CINEMA

BODY de Uli Edel : Madonna en femme fatale

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Un homme d’une cinquantaine d’années est retrouvé mort dans sa grande demeure. Face à son cadavre, une cassette qui continue de tourner, le montrant en plein ébat avec une jeune blonde peu farouche, Rebecca Carlson (Madonna). Cette dernière est très vite suspectée de l’avoir assassiné : elle était la première bénéficiaire de son très juteux testament. La secrétaire du défunt, que l’on devine amoureuse de lui, clame que Rebecca était au courant des problèmes de cœur de son amant et qu’elle l’aurait volontairement épuisé sexuellement, en lui faisant prendre de la cocaïne, pour l’entraîner vers la mort.

Un procès se prépare et Rebecca choisit comme avocat Frank Dulaney (Willem Dafoe). Un homme jusque là sans histoires, heureux en ménage avec sa femme (Julianne Moore), père d’un gentil garçon… Il apparaît néanmoins troublé face aux récits sexuels de sa cliente, adepte du SM. Convaincu qu’elle est innocente, il va redoubler d’effort pour la sauver. Mais au fil du procès, il flanche et mélange tout, finissant par entamer avec elle une liaison torride, se laissant initier à des plaisirs épicés. Manquant d’objectivité, ne serait-il pas à son tour en train de se faire manipuler ?

body film madonna

Madonna dans la peau d’une garce blonde / femme fatale, au cœur d’un thriller érotique des années 1990 : Body (Body of evidence en VO) attire forcément la curiosité. Les références au film noir sont légion, impossible de ne pas penser à Basic Instinct sorti une année auparavant. Et, hélas, le long-métrage de Uli Edel n’est pas vraiment au niveau. La réalisation évite le côté téléfilm, ne manque pas de souffle, sans pour avoir pour autant une véritable personnalité. Les scènes de sexe sont plutôt osées, Madonna n’hésitant pas à se dénuder et Willem Dafoe étant parfait en « Monsieur tout le monde » surexcité par la matérialisation tardive de ses désirs SM refoulés. Mais ça reste assez balisé, un peu trop timide. Piquant sans être vraiment brûlant.

Si clairement le film ne fera pas date, manquant d’audace et d’originalité, de fougue, handicapé par un final qu’on est en droit de trouver un brin moralisateur, il ne faut pas bouder son plaisir. Madonna livre une performance de bonne tenue en manipulatrice, faisant tomber les hommes comme des mouches en usant de ses charmes et de ses performances sexuelles. Le procès est intéressant à suivre, l’intrigue classique mais bien ficelée. Et les scènes de sexe, à la gloire de la pop star, montrant les hommes comme des bêtes soumises à leurs pulsions, constituent un véritable plaisir coupable non négligeable. Les amateurs de thriller érotique passeront un bon moment…

Film sorti en 1993. Disponible en DVD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3