CINEMA

LA MORT AUX TROUSSES de Alfred Hitchcock : sur un malentendu

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Roger O. Thornhill (Cary Grant), publicitaire séducteur et immature, mène une vie relativement banale jusqu’à ce qu’un jour, sur un malentendu, une bande de tueurs, fidèles serviteurs de Phillip Vandamm, chef d’un réseau d’espionnage, le prennent pour Kaplan, un contre-agent dont ils aimeraient bien se débarrasser.

Kidnappé par les malfrats, Roger subit un interrogatoire auquel il ne comprend rien. Pour le pousser à se confesser, les hommes le contraignent à boire beaucoup d’alcool. Alors qu’il tente de s’échapper, ivre au volant d’une voiture, le publicitaire est attrapé par la police. Il tente de se justifier mais personne ne croit à son histoire abracadabrantesque. Désireux de connaître le fin mot de l’histoire, Roger mène son enquête et se met en tête de retrouver Kaplan. Il réalise que la maison dans laquelle a eu lieu l’interrogatoire appartient à un certain Lester Townsend. Alors qu’il lui demande des explications, l’homme est assassiné et tout le monde pense que Roger est l’auteur du crime.

Désormais en cavale, il fuit New York pour Chicago. Dans le train, il fait la connaissance d’une belle inconnue, Eve Kendall (Eva Marie Saint), qui tout en l’allumant lui arrange un rendez-vous avec le mystérieux Kaplan. Quand il arrive à destination, notre homme réalise qu’il a été piégé. Trahi par celle dont il venait de s’amouracher, ne comprenant plus rien à la situation périlleuse dans laquelle il s’est embarqué, Roger décide d’aller jusqu’au bout de sa quête et n’est pas au bout de ses surprises…

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De New York au Dakota du Sud en passant par Chicago, La mort aux trousses (North by norwest en VO) est une folle aventure et l’un des films les plus populaires et aimés d’Alfred Hitchcock. On comprend rapidement pourquoi. Un homme ordinaire se retrouve embarqué dans une affaire qui le dépasse, accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Une spirale infernale, des situations kafkaïennes en diable, entre noirceur et humour, qui ne sont pas sans rappeler un des précédents longs-métrages du cinéaste : les 39 marches. Occasion supplémentaire de réaliser à quel point Hitchcock est un formidable conteur d’histoires, parvenant à nous faire gober les scènes les plus improbables. L’arrivée au poste de police d’un Roger éméché que personne ne croit ou la scène de la vente aux enchères sont autant de moments de comédie insérés dans un thriller fou et haletant. Entre humour, maladresse et séduction Cary Grant trouve ici un de ses plus grands rôles.

Si l’histoire est noire, les couleurs sont souvent vives donnant au long-métrage un côté pop et glamour. Et la réalisation, hyper maitrisée comme d’habitude, associée à un scénario brillant nous offre un film qui déjoue à chaque fois les attentes, nous plongeant dans un film plein de retournements de situations, de surprises, de masques qui tombent. On savoure des scènes mythiques comme celle de l’attaque de l’avion dans un coin paumé ou les passages dans le train entre Roger et Eve, formidablement dialogués. Tout est si bien dosé qu’on se dit que La mort aux trousses est un film parfait : il est intrigant, haletant, surprenant, drôle, charmant, piquant, tour à tour cynique ou profondément romantique.

Le fil rouge de l’œuvre est une affaire de contre-espionnage. Place est donc faite aux faux semblants. Roger est confondu avec l’agent Kaplan (qui en fait n’existe pas) et finit par la force des choses par réellement effectuer la mission d’un agent / Eve Kendall est tombée amoureuse de Philip Vandamm avant de l’espionner et de feindre un amour éteint / La même Eve fait semblant de craquer pour Roger Thornill pour le duper avant de tomber réellement amoureuse de lui… Sans parler des fausses morts orchestrées, des différentes usurpations d’identité ou déguisements auxquels recourt le personnage principal. Apparences trompeuses donc mais aussi dualité, ambivalence. Vandamm est peut-être une ordure mais il aime sincèrement Eve / Roger, divorcé de deux femmes, séducteur invétéré, est aussi un fils à sa maman et un grand maladroit quand il tombe sur une femme qui prend les devants….

Passionnant de bout en bout, La mort aux trousses est une véritable légende du cinéma qui passe à travers toutes les modes, inspire des générations et des générations de réalisateurs et artistes, fait jaillir les analyses les plus pointues et éclairées des analystes…Une œuvre bourrée de trésors et significations cachées qui se révèlent au fil des visions mais qui parvient aussi et surtout à emballer les spectateurs de tous horizons dès le premier coup.

Film sorti en 1959 et disponible en VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3