FICTIONS LGBT
THE IDOL de Tom DeSimone : premières découvertes et perte
Film gay culte, The Idol est considéré par de nombreux amateurs comme étant le chef d’oeuvre de son réalisateur Tom DeSimone. Ce dernier a eu une carrière singulière entre productions d’horreur et films gays x. A noter que l’acteur principal , le magnétique Kevin Redding, n’a jamais tourné dans d’autres productions après ce coup de maître, désireux d’inscrire The Idol dans la légende.
Début du film, musique élégante et dramatique, portrait de Kevin Redding en noir et blanc, qui interprète le personnage de Gary. Le générique achevé, zoom arrière et découverte du portrait de Gary qui est en fait au centre d’un article titré « College Athlete dies in Auto Accident ». Gary ne fera donc pas long feu, le journal s’envole et parcourt les rues d’une bourgade américaine où c’est visiblement le temps de l’été. Un jeune homme récupère le papier sur Gary au vol, a l’air pensif et découpe le portrait. Il se dirige vers le cimetière où l’enterrement du beau brun légèrement moustachu est en train de prendre fin.
Regard triste, souvenirs : le jeune homme avait développé une sorte d’obsession pour Gary qui avec le temps était devenu son idole. Il aimait l’épier pendant ses entrainements sportifs. Gary apparaît, sublimé, courant au ralenti. L’image se fige, retour à l’enterrement. Le fantasme n’est plus qu’une image, le corps est sous terre. Le fan de Gary observe les personnes présentes, pleurant sur sa tombe. Arrêt sur Karen, flashback.
Un cœur sur la vitre d’une voiture, Karen et Gary se roulent des patins. Le jeune homme a très envie de faire des cochonneries mais sa petite amie est du genre super prude : elle ne veut rien faire sans être fiancée. Gary s’énerve, en a marre d’être toujours frustré, se grille une cigarette et allume la radio où passe une chanson sensuelle en diable. Méthode douce : Gary lâche un « I love you » à croquer. Karen se laisse peloter mais alors que les mains essaient d’entrer dans la culotte, elle décide de partir. Elle croise sur sa route l’admirateur secret de Gary qui trouve une excuse bidon pour expliquer qu’il rode dans les parages.
Il ne va pas être déçu d’avoir fait le déplacement en tout cas : seul dans sa voiture, Gary décide de s’auto-satisfaire et il va pouvoir l’épier. Cette scène est une véritable ode à la découverte de son propre corps. Caresses délicates sur le torse, les tétons, puis plus bas. Le bruit des grillons laisse place à un son disco lubrique. On remarquera que quand il se caresse, Gary ne ferme pas les yeux mais fixe avec acharnement son entrejambe. Il finit et se caresse avec ses mains recouvertes de son liquide…
Retour à l’enterrement où l’admirateur continue d’observer l’entourage malheureux de Gary. Cette fois le regard s’arrête sur un jeune homme assez séduisant. Il s’agit d’un des meilleurs amis de Gary. Ils faisaient du sport ensemble et se confiaient leurs petits secrets. Un après-midi à la plage, Gary lui avoue ainsi qu’il est terriblement frustré de ne pouvoir faire l’amour à sa copine. Son pote lui demande pourquoi il ne se calme pas en compagnie de garçons. Gary le regarde avec de gros yeux. Son ami lui explique que c’est une pratique courante : puisque les filles jouent aux prudes, autant profiter de la compagnie des mecs qui ne se prennent pas la tête. Pas besoin de parler, pas besoin de donner son nom, juste des bons moments. Gary reste songeur, les deux amis décident finalement d’aller prendre une douche.
Comme on pouvait s’en douter, une fois sous l’eau , il ne faudra pas attendre longtemps pour que survienne un peu d’action. Un jeune moustachu un peu timide débarque et mate avec insistance le pote de Gary. Ce dernier lui rend la pareille et commence à se tripoter et à bien tendre son calibre. Il chuchotte dans l’oreille de Gary pour l’informer de ce qui est en train de se tramer puis se fait tranquillement faire une gâterie par l’inconnu. C’est alors qu’un autre mec, plus carré et viril, débarque. Tout le monde commence à se tripoter et se mélanger. Non loin de là rode encore son admirateur…
On retrouve ce dernier au cimetière qui pose cette fois son regard sur un homme plus âgé. Autre souvenir, autre flashback. Un jour, dans les couloirs du lycée, l’admirateur a trouvé un maillot abandonné au sol, juste devant le bureau du coach sportif. Porte entrouverte, tentation ultime de voyeurisme à laquelle il n’avait pu résister.
Dans le bureau, Gary allongé, se faisant masser par son coach inquiet de le trouver si tendu. « Quand as-tu baisé pour la dernière fois ? ». Gary est gêné, son coach lui fait la leçon : tirer son coup est essentiel pour se détendre, il ne doit pas s’en passer. Regard en coin : « Trust me ». Pas le temps de réfléchir, le coach attrape le derrière de son élève et le lèche avec passion. Gary est sur le cul (c’est le cas de le dire). Et visiblement il prend beaucoup de plaisir. Tom DeSimone maîtrise l’art du gros plan, s’attarde beaucoup sur les visages de ses interprètes, les magnifient et parvient à les rendre généralement à la fois touchants et irrésistibles. Pour Gary, le temps de l’initiation aux plaisirs gays est arrivé. En pleine transe, Gary ne peut se retenir de crier « Oh my God ! ». Dehors on entend le bruit des lycéens en train de converser ou faire du sport, la cloche annonçant le début des cours retentit. Gary et son coach se font un câlin sur une musique romantique. Derrière la porte, l’admirateur est sous le choc et s’enfuit en courant.
Enième retour au cimetière où le coach apparaît plus triste que jamais. A ses côtés un jeune homme, le cousin de Gary. Un après-midi ensoleillé, alors qu’il se prélassait sur le matelas gonflable de sa piscine, Gary était venu lui rendre visite. Il l’avait invité à se baigner nu avec lui mais fidèle à ses habitudes, Gary avait fait son timide…avant de se lâcher un peu plus. Au bord de l’eau, il l’avait questionné. Le cousin avait eu le même coach que lui et Gary voulait savoir si lui aussi avait bénéficié de « cours particuliers ».
Les deux garçons tournent maladroitement autour du pot avant d’avouer respectivement ce qu’ils ont fait et amener l’idée de recommencer car ils avaient bien aimé l’expérience. Et ils vont remettre le couvert le temps d’une puissante étreinte versatile.
Derniers moments au cimetière : les proches du défunt s’éloignent. L’admirateur en profite pour se recueillir devant la tombe. Dernier flashback. Gary et lui au lit. Le fantasme s’était donc réalisé, et plus encore. A force de coucher avec des garçons, Gary y a pris goût et finit par dire « I love you » à son admirateur , les yeux brillants comme jamais avant de se livrer à une partie de galipette tendre et complice. Après la jouissance, câlins au ralenti sur une musique de circonstance.
Le rêve s’est envolé, l’admirateur a perdu son grand amour et observe avec tristesse sa photo. Il aperçoit au loin un garçon en train de courir. C’est Gary. La boucle est bouclée : nous assistons à leur première rencontre avant que la jeunesse s’envole et que le terrible accident ne survienne.
Ce n’est pas un hasard si The Idol avait marqué le public lors de sa sortie. L’intimité est ici tout sauf vulgaire. Nous assistons à une histoire de coming out à la fin des années 1970, la fin d’une époque bénie (avant les années Sida). Les scènes sont à la fois tendres et stimulantes et Tom DeSimone livre un véritable chef d’œuvre, explicite et sensible, le tout parfaitement intégré dans l’univers du teen movie. Un must de plaisir et de mélancolie.
Film produit en 1979 et disponible sur le site pinklabel.tv