FICTIONS LGBT

LA DUNE de Yossi Aviram : se confronter

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Israël. Hanoch (Lior Ashkenazi, vu et aimé dans les films de Eytan Fox) se retrouve au cœur d’une impasse quand sa compagne se révèle enceinte. Il lui brise le cœur en lui avouant ne pas pouvoir endosser le rôle de père car il ne s’en sent pas capable. Hanté par son passé, il décide d’aller à Paris pour s’y confronter.

C’est là qu’il suit Ruben Vardi (Niels Arestrup), un inspecteur spécialisé dans les cas de fuites ou de disparitions. Ce dernier traverse lui aussi une mauvaise passe après une opération qui a mal tourné. Il demande à prendre sa retraite. Chez lui, il peut compter sur son compagnon, Paolo (Guy Marchand), qui est toujours aux petits soins.

Alors que le vieux couple se prépare à partir en vacances en Italie, Ruben accepte une dernière mission. Un homme, qui n’est autre que Hanoch, a été retrouvé inconscient au bord d’un rivage, dans un petit village de France. Peu à peu, Ruben découvre qu’il est lié à cet inconnu…

la dune film yossi aviram

Niels Arestrup et Guy Marchand en couple gay, il fallait y penser ! C’est ce que l’on retient le plus de ce long-métrage taiseux qui s’articule comme un délicat puzzle. S’il est déjà rare de suivre sur un grand écran un couple âgé de plus de la cinquantaine, le fait qu’il soit constitué de deux hommes, plein de tendresse, est encore plus précieux. Les petites scènes du quotidien, douces et attachantes, font écho à un passé plus rude. La dune est le portrait de deux hommes qui vont se reconnecter à de vieilles douleurs pour tenter d’avancer et peut-être sortir apaisés d’une confrontation lourdement appréhendée.

C’est un film assez solaire même s’il évoque des plaies encore bien ouvertes et témoigne d’un certain mal de vivre. Les personnages sont tous sensibles, à un point de leur vie où ils se posent beaucoup de questions (la peur de ne plus pouvoir avancer, de ne pas être un homme, d’approcher doucement vers la mort, la crainte de la solitude…). Tous les rôles, y compris les seconds, sont très joliment incarnés et l’ensemble fait l’effet d’une caresse. La mise en scène est elle à la fois élégante sans trop donner dans quelque chose de tape à l’oeil. Si l’on pourra regretter que par moments l’intrigue de Yossi Aviram soit un peu trop prévisible, scolaire, modeste, son long-métrage est plein d’humanité et de charme.

Film sorti en 2014 et disponible en VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3