CINEMA
CORNICHE KENNEDY de Dominique Cabrera : le choix de la liberté
Adapté de Maylis de Kerangal, Corniche Kennedy nous plonge sous le soleil de Marseille dans une atmosphère d’été permanent. Suzanne (Lola Créton), jeune fille de bonne famille, épie du haut de sa villa une bande de jeunes des quartiers populaires qui s’amusent à sauter de la Corniche Kennedy. Adrénaline et insouciance, un lâcher prise qui fait défaut à la jeune femme.
Un après-midi, Suzanne est amenée à faire plus ample connaissance avec ces têtes brûlées et elle se lie rapidement avec Marco (Kamel Kadri) et Mehdi (Alain Demaria) qui finissent tous les deux par être attirée par cette fille d’un autre monde, insondable.
Le film de Dominique Cabrera est une oeuvre de sensations et de multiples petites émotions. Une oeuvre d’atmosphères aussi, la fameuse Corniche s’imposant comme un personnage à part entière, théâtre de la fin de l’adolescence, d’un tournant où il faut choisir si l’on rentre dans le rang, si l’on prend des risques, si l’on se conforme ou si on cède à l’interdit.
Il y a quelque chose de très beau et de volatile dans la façon qu’a la réalisatrice de filmer le désir, de mettre en place des personnages imprévisibles, à la fois authentiques et complètement romanesques par certains aspects. Les rapports entre les 3 acteurs du triangle amoureux qui se dessinent sont pulsionnels, se passent d’étiquettes, se traduisent seulement par quelques mots, confidences quasi-murmurées. La beauté n’est pas toujours là où on l’attend.
Quand on approche de la majorité, tout est possible et impossible à la fois, et les protagonistes devront faire des choix cornéliens. S’accommoder d’une vie ordinaire, rester dans sa case et être au calme ou rêver de la « grande vie » quitte à risquer gros. En opposition à la figure étrangement magnétique, sensuelle et un poil iconique du personnage de Marco (Kamel Kadri est la grosse révélation du métrage), bad boy insouciant et solaire, fait face celle d’Awa, policière trentenaire.
Corniche Kennedy va au-delà de la question du bien ou du mal, jouant du vertige, se transformant petit à petit en une déclaration d’amour à ceux qui font le choix, par dessus tout, de la liberté. Vent de fraicheur.
Film sorti en 2017 et disponible en VOD