SUPERNOVA de Harry Macqueen : entre amour et maladie

By Gaspard Granaud | 3 juillet 2021

Avec Supernova, le réalisateur Harry Macqueen propose un road movie intimiste, sentimental et sensible. Avec au premier plan un couple gay sénior formé par Colin Firth et Stanley Tucci… et en arrière-plan la maladie qui rôde… 

Sam (Colin Forth), pianiste, et Tusker (Stanley Tucci), écrivain, vivent depuis de nombreuses années une histoire d’amour tendre et complice. Le vieux couple part sur la route en camping-car pour rendre visite à la soeur de Sam mais aussi pour l’amener à retourner sur scène le temps d’un concert. 

L’évasion sur les petites routes de campagne du Royaume-Uni pourrait sembler banale sauf qu’il se trouve que Tucker est gravement malade. Il n’en a plus pour longtemps avant de perdre complètement la mémoire et petit à petit des signaux surgissent montrant qu’il est en train de perdre ses moyens. C’est sans doute l’une des pires épreuves à traverser : voir la personne que l’on aime être emportée malgré elle par la maladie sans pouvoir y remédier. Sam prend sur lui et essaie de savourer chaque instant avec son compagnon. Il veut se battre pour le garder le plus longtemps possible à ses côtés, n’imaginant pas la vie sans lui. 

Ce voyage en amoureux va amener des questions difficiles et déterminantes pour leur avenir. 

Le réalisateur Harry Macqueen signe ici un drame personnel et intimiste qui colle au plus près de ses deux personnages principaux. Voyageant dans un camping-car, Sam et Tusker savourent les journées collés l’un à l’autre, se chamaillent, se montrent qu’ils s’aiment par tout un tas de petits gestes ou d’attentions. On ne fait plus qu’un avec ce vieux couple adorable et hyper attachant et cela fait plaisir de voir sur grand écran un couple gay sénior, simple, amoureux, banal. On s’identifie très vite et quand on comprend que Tusker est malade et que les choses risquent de dégénérer on commence à avoir mal au coeur… 

Le long-métrage repose beaucoup sur l’alchimie qu’ont su créer Colin Firth et Stanley Tucci à l’écran. Il y a tellement de tendresse, d’amour et de bienveillance entre eux qu’on ne serait pas contre les voir mener leur petite vie tranquille pendant des heures. On ne veut pas que ça s’arrête, on veut qu’ils continuent de se chercher des noises, de se faire des câlins avant de dormir, de regarder les étoiles… Beaucoup de choses passent par leurs regards. 

Harry Macqueen dépeint avec finesse et douceur l’intimité de ces deux hommes amoureux et délivre aussi un road movie au charme rustique à l’atmosphère apaisante. Mais derrière le calme de l’ensemble il y a une véritable tornade à l’intérieur de Sam et Tusker, dépassés par la maladie grandissante de ce dernier. Le drame prend alors le dessus et sont évoquées des questions sensibles : faut-il se battre même quand l’on sait qu’il n’y a plus aucun espoir ? Doit-on garder celui que l’on aime à tout prix et accepter de le voir dégénérer ou entendre qu’il ne souhaite pas perdre sa dignité et l’aider à partir en paix ? 

Avec toute la délicatesse et la pudeur d’un certain cinéma britannique, Supernova nous balade entre amour et perte avec brio. Très touchant. 

Film présenté au Festival Chéries Chéris 2021 et sorti en salles le 8 septembre 2021