Critique du film Les fleurs du silence – Un drame bouleversant sur l’homosexualité dans l’Angleterre des années 1920
Avec le film Les fleurs du silence (Lilies Not For Me en VO), le réalisateur Will Seefried nous plonge dans l’Angleterre des années 1920 où l’homosexualité était très difficile à assumer.
Résumé du film
Le film évolue en deux temps. D’une part, un temps présent où le personnage principal, Owen James (Fionn O’Shea), un écrivain gay, est enfermé dans un hôpital pour être soigné pour son homosexualité considérée comme une maladie. Il se lie d’amitié avec une des infirmières, un peu entichée de lui. D’autre part, Owen raconte à l’infirmière comment il s’est retrouvé là.


Un récit entre flashbacks et introspection
Les flashbacks nous plongent dans une campagne luxuriante. On y retrouve Owen coulant des jours heureux dans sa petite maison près de la mer. Recevant la visite de son ami de longue date Philip (Robert Aramayo), Owen est amené à s’interroger sur son homosexualité. Lui et Philip ont été amants et Philip, médecin, est obsédé à l’idée de les « guérir ». Vivant son orientation sexuelle comme un fléau, celle-ci le renvoie à un profond dégoût de lui-même. Artiste, rêveur et moins obsédé par la morale, Owen essaie de tempérer Philip dans ses recherches effrénées. Pendant un bref moment, les deux jeunes hommes se retrouvent et vivent ce qui semble bien être un grand amour. Hélas, Philip ne peut accepter qui il est et finit par soumettre à Owen un plan pour le moins glaçant pour essayer de devenir hétérosexuel.
Comprenant qu’il ne pourra pas arrêter Philip dans sa quête, Owen est résigné. C’est alors que débarque par surprise dans sa maison Charles (Louis Hoffman), un beau blond officiellement marié et jeune papa mais qui mène une double vie. Lui et Owen se rapprochent, sous les yeux de Philip qui est consumé par toutes ses émotions contradictoires…



Une vision sombre mais poétique de l’homosexualité
Il convient de placer un petit avertissement : même s’il compte un certain nombre de scènes bucoliques et autres moments de tendresse solaires, Les fleurs du silence est un film relativement sombre, très dramatique et parfois vraiment dur sur une homosexualité vécue dans la douleur dans les années 1920.
Une mise en scène maîtrisée
Le réalisateur Will Seefried réinvente à sa façon le film d’époque en y disséquant une thématique centrale. Outre l’excellente interprétation des jeunes comédiens, le long-métrage s’appuie sur une mise en scène soignée, opposant avec habileté le paradis perdu d’une vie encore faite d’espoirs et de sentiments à la campagne et celle asphyxiante du quotidien de l’hôpital où tout semble réduit à néant.

Un triangle amoureux touchant
L’histoire d’amour très contrariée entre Owen et Philip et l’inattendu triangle amoureux qui se met en place avec le sensuel Charles apportent de très belles scènes. Si Les fleurs du silence est résolument contemplatif, il ne manque pas de moments intenses voire perturbants (l’idée que trouve Philip pour soigner son homosexualité est pour le moins terrorisante). C’est là le premier film du réalisateur Will Seefried qui témoigne d’un beau style (souvent poétique) et d’un talent certain pour appuyer là où ça fait mal.
Film sorti en France le 30 avril 2025
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