FICTIONS LGBT
À CAUSE D’UN GARÇON de Fabrice Cazeneuve : assumer son homosexualité au lycée
Vincent (Julien Baumgartner), 17 ans, vit dans une petite ville à 40 km de Paris. Fierté de ses parents, jalousé par un grand frère chômeur et agressif, il est aussi l’un des garçons les plus populaires de son lycée et un nageur qui fait gagner son équipe à presque tous les coups. Beau et équilibré, le jeune homme ne quitte jamais sa petite bande composée de sa petite amie Noémie (Julia Maraval) et de son pote de toujours Stéphane (François Comar). Mais Vincent cache depuis quelques temps un secret qui commence à grandement le peser : il est homosexuel.
Enfermé dans le mensonge, il mène une double vie, voyant ponctuellement un trentenaire parisien avec lequel il s’épanouit sexuellement et jouant au petit ami hétéro modèle une fois de retour chez lui. Les choses basculent quand Vincent croise le chemin d’un nouvel élève pour lequel il a une sorte de coup de foudre : Benjamin (Jérémie Elkaïm). Ce dernier est du genre dragueur et finit par se faire inviter par le beau nageur dans sa chambre. Vincent l’embrasse, Benjamin hésite, dit qu’il n’est pas prêt.
En sortant de chez lui, Benjamin tombe sur des amis de Vincent et de son frère qui le soupçonnent de vouloir « le détourner ». Paniqué, le garçon insinue que Vincent n’est pas celui qu’ils croient. Le lendemain au lycée, Vincent découvre que la rumeur de son homosexualité s’est répandue. Ses camarades de natation ne veulent plus le laisser entrer au vestiaire, il devient l’objet d’humiliations, se voit contraint de tout avouer à Stéphane et à Noémie. Et une fois à la maison, son frère saute sur l’occasion pour révéler la vérité à ses parents, de quoi les laisser stupéfaits. Dès lors, chaque jour pour Vincent va devenir une véritable lutte…
Téléfilm diffusé en 2002 en France, À cause d’un garçon suit le coming out difficile d’un adolescent. La chose est d’autant plus compliquée que le personnage principal, Vincent, n’était pas préparé à tout assumer : il a été victime d’une sorte d’outing involontaire de la part du garçon qui le faisait craquer. Comme dans Juste une question d’amour, on décèle les intentions de toucher, sensibiliser le grand public avec un film nous faisant bien comprendre que tout le monde peut être homosexuel, même le grand nageur populaire du bahut qui s’affiche aux bras d’une fille. Le film montre l’enfer de la différence au moment déjà peu évident de l’adolescence et dévoile aussi et surtout des personnages positifs, proches de nous, appelant à la tolérance : bienveillance des amis qui même s’ils sont sonnés tiennent à rester présents, le temps nécessaire aux parents pour digérer la nouvelle et accepter leur fils tel qu’il est (on échappe pas aux commentaires et questions qu’on a tous entendu : « Mais ça lui passera » / « Tu crois qu’il va vivre avec un homme ? »). A cause d’un garçon évoque également le rôle des établissements scolaires face à l’homophobie. Vincent est plutôt bien loti de ce côté : on encourage les profs à « lui tendre la main », on s’inquiète pour lui, son entraîneur s’arrange pour lui permettre d’aller à la piscine sans que ses anciens camarades ne lui tombent dessus.
Récit d’un petit chemin de croix tout personnel, de la difficile affirmation de soi quand on n’est pas encore un adulte, le film ne manquera pas de toucher beaucoup de gays qui sont passés par les mêmes épreuves endurées par le jeune héros ainsi que celles de son entourage (on est aussi aux côtés de Noémie, jeune fille qui découvre que son copain est gay quelques jours après lui avoir cédé sa virginité ou les parents du garçon qui réalisent qu’ils ne connaissaient pas si bien que ça leur enfant).
Le réalisateur Fabien Cazeneuve en profite pour livrer au passage un certain portrait de l’adolescence, de la découverte de la sexualité, avec ce que cela a de flippant et d’exaltant. On suit avec une émotion certaine l’arrivée de Vincent dans Le Marais à Paris, tout perdu, se sentant agressé par la population du quartier qui le reluque comme un bout de viande bien fraîche.
Le casting de jeunes acteurs est globalement séduisant (Julien Baumgartner est à la fois très craquant et sensible, Jérémie Elkaïm est sexy comme d’habitude mais en fait peut-être parfois trop dans le genre « brun dragueur et mystérieux »), le propos universel et l’ensemble est émouvant et très juste. On pourra regretter que le film ne se débarrasse jamais de son étiquette « téléfilm » (la réalisation est très classique et les dialogues préfèrent être pédagogiques que subtils) mais cela ne l’empêche pas d’être très attachant.
Film diffusé à la télévision en 2002