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Active Child, You are all I see : le coeur à vif
Son EP Curtis Lane était l’une des plus belles promesses de 2010 et c’est entre crainte et excitation qu’on découvre aujourd’hui son premier album. Pat Grossi alias Active Child ne choisit pas la facilité pour ses débuts. Alors que sur ses premières compositions cet ex enfant de chœur mêlait lyrisme, obscurité et scintillements pop très modernes, cette fois-ci il nous entraine définitivement vers des horizons tourmentés.
Ce premier LP, joliment nommé You are all I see, peut d’abord décontenancer, rebuter de par sa forte mélancolie. Le rythme est lent, la voix perchée, un certain malaise règne. Après une première écoute un brin mitigée, je n’ai pas pu m’empêcher de tout me repasser. Comme si quelque chose m’appelait. Début d’obsession. Il faut dire qu’un morceau comme Ancient eye, on ne peut qu’y revenir. Soudain, tout tremble, les certitudes s’envolent et la magie opère. Lancinant puis transperçant, le son d’Active Child est une véritable bombe à retardement. Le genre de disque qui par surprise commence à vous donner la chair de poule et à vous mouiller les yeux.
Perdus dans le noir, la voix gracieuse de l’artiste est une main tendue , prête à nous guider, nous conforter alors que le disque nous retourne complètement (Johnny Belinda est d’une beauté presque indécente). Des titres qui résonnent, qui finissent par entêter alors qu’ils sont tout sauf « easy listening »(Hanging on ; High Priestess ; Shield & Sword) : c’est ce qu’on appelle un tour de force !
You are all I see, qui donne son titre à l’album, apporte ce qu’il faut de lumière, de délicatesse, de souffle, pour plonger et replonger encore et encore dans ces aventures ultra sensibles, déchirantes mais jamais vraiment pessimistes. Discrètement, ce petit joyau pourrait bien devenir un essentiel.