CINEMA
ALASKA de Claudio Cupellini : écorchés vifs
Paris. Nadine (Astrid Bergès-Frisbey) passe un casting dans un grand hôtel pour tenter de devenir mannequin suite aux conseils de l’un de ses amis. Alors qu’elle sort fumer une cigarette, elle croise Fausto (Elio Germano), majordome italien. Pour la draguer et lui en mettre plein la vue, il lui propose de visiter la suite la plus chère de l’hôtel. Nadine le suit mais alors qu’ils s’amusent, le client qui a loué la chambre les surprend et menace d’appeler la direction. La situation dégénère et Fausto frappe jusqu’au sang le client. Il est renvoyé et écope de deux années de prison.
Alors qu’il est placé derrière les barreaux, il supplie Nadine de venir le voir et lui confie n’avoir personne à part elle dans sa vie. Mais la jeune femme a décroché le casting auquel elle avait participé et prend ses distances, commençant une nouvelle vie de mannequin à Milan. Sans nouvelles de celle sur laquelle il se met à fantasmer tous les jours, Fausto lui écrit des lettres qui restent sans retour, une fois par semaine.
Quand le jour de sa sortie de prison arrive, à sa plus grande surprise Nadine l’attend. Ils commencent une passion qui les mènera tous les deux vers des sommets mais aussi bien des tourments…
C’est une drôle de love story à laquelle nous invite le réalisateur Claudio Cupellini. Tour à tour réaliste, sociale, romantique ou pop, la passion qui réunit les personnages de Nadine et Fausto a le mérite de ne ressembler qu’à elle-même. Le film s’appuie sur un excellent duo d’acteurs dont l’alchimie explose à l’écran : Astrid Bergès-Frisbey (qu’on avait déjà adoré dans Juliette de Pierre Godeau) et Elio Germano composent deux beaux personnages d’écorchés vifs. Nadine est une fille un peu boudeuse, qui semble prendre la vie comme elle vient, franche et un peu sauvage. Fausto est un homme « sanguin », qui suit ses pulsions et peut facilement perdre le contrôle. Ensemble, durant un peu plus de 2 heures, ils se tirent vers le haut et vers le bas, s’aiment et s’affrontent. Le destin semble jouer en leur défaveur : c’est comme si dès lors que quelque chose de bien arrive à l’un tout s’effondre pour l’autre.
Outre la belle interprétation, Alaska s’appuie sur un scénario riche en rebondissements qui tient en haleine. On pourrait juste regretter que la mise en scène n’ose pas davantage. L’ensemble est élégant, bien tenu, mais il manque ce petit je ne sais quoi qui fait la différence entre un bon film et un grand film.
On ne boude pas son plaisir pour autant et on savoure cette histoire d’amour contrariée entre deux fortes personnalités qui ont le chic pour se mettre dans des situations périlleuses. Si Claudio Cupellini consacre son film avant tout à cette romance, il fait aussi la part belle aux amitiés viriles, filmées avec une belle tendresse. Attachant.
Film sorti en 2016 et disponible en VOD