ALBUMS
Alice Lewis, Your dreams are mine
Son premier album, No one knows we’re here suscitait l’émerveillement. Cinématographique, onirique, puissant, ce début évoquait le Felt Mountain de Goldfrapp sans jamais souffrir de la comparaison. On commençait à redouter que la talentueuse Alice Lewis nous laisse sans nouvelles. Soulagement : l’an passé elle dévoilait un nouvel EP en guise de promesse, Ignorance is bliss, laissant par la même occasion deviner des envies d’ailleurs. Your dreams are mine s’ouvre sur la ballade Where do we go now : on est en terrain connu, dans la droite lignée de son premier essai (c’est dingue d’élégance, mélancolique à souhait). Surgit ensuite Ignorance is bliss dont les sonorités electro-rock viennent nous sortir de notre zone de confort. Aventureuse et inspirée, l’artiste va réussir sur les pistes suivantes le petit exploit de rester très fidèle à son univers fait d’enchantements et de gueules de bois tout en flirtant avec un tas de genres différents.
Chaque morceau distille son étrange parfum, mêlant des émotions et sensations différentes, parfois contradictoires, pour un résultat aussi prenant, propice à l’évasion que profond. Entre l’ombre et la lumière, la mélancolie et la fureur de vivre, Alice Lewis enchaine les morceaux imparables et intenses, les pistes sinueuses avec une voix qui a encore gagné en assurance. Le résultat est franchement majestueux, marquant. On se projette volontiers et s’abandonne dans ces rêves un peu schizos qui semblent se redessiner à chaque écoute. C’est comme si Alice Lewis fonçait droit dans le mur, avec une maitrise telle que celui-ci ne peut à terme qu’exploser sur son passage. Entre-deux magnifique (Let it fall), pop colorée et à l’immédiateté euphorisante (Perfect Stranger), vague entre chaud et froid presque intimidante de par sa force (le risqué et génial Nothing I could say), chavirement d’une beauté à pleurer (Bellbuoy) : un album éclectique et dense qui allie forte personnalité et grande sensibilité. La grande classe, en somme.
Alice Lewis sera en concert le 16 avril 2015 au Point Ephémère