FICTIONS LGBT
AVANT QUE J’OUBLIE de Jacques Nolot : quand approche la fin
Pierre (Jacques Nolot) a 58 ans et est malade. Il est séropositif. Le film s’ouvre sur lui dans son lit puis on le voit dans le plus simple appareil en train de tousser. Portrait d’un homme plongé dans la solitude.
Pierre autrefois a marchandé son corps, aujourd’hui dans son bel appartement parisien il s’offre de temps en temps le charme de jeunes hommes avec qui il exécute des jeux de rapports de force. Mais Pierre, qui a survécu pendant plus de 20 ans à sa maladie, commence à être de plus en plus fatigué. Il pense au suicide, il attend peut-être la fin.
Avant de n’être que poussière, il se remémore son passé, par la lecture d’une lettre d’un ami cher ou une conversation amicale. Il traine, il parle, il tente de désirer, il tente d’être…
La réalisation est sobre et élegante, le casting majoritairement constitué d’amateurs. Nous sommes devant le portrait d’un vieil homme seul ou peut-être un portrait de la solitude tout court. Pour illustrer cela, la caméra s’attarde sur des moments classiques du quotidien, des gestes simples qui trahissent parfois le personnage principal.
Le film surprend par ses scènes d’intimité assez « cash » : Jacques Nolot n’hésite pas à mettre en scène la sexualité des quinquagénaires et n’y va pas de main morte, explore sans tabous leurs fantaisies et fantasmes. Tenant lui-même le rôle principal, le cinéaste se met à nu, sans honte et au contraire avec une belle dignité. L’ensemble est d’une sincérité revigorante. Grâce à des dialogues finement écrits , on rit aussi souvent. Mais on est aussi beaucoup touchés, émus face à ces destins prêts à s’achever. Avant que j’oublie ne juge pas, c’est un long-métrage qui témoigne et qui nous donne une jolie leçon d’humanisme et une réflexion sur le cours de la vie. Vibrant, pudique ou joliment impudique parfois, bien joué, réaliste : un très beau film français.
Film sorti en 2007 et disponible en VOD