FICTIONS LGBT

BAISERS CACHÉS de Didier Bivel : photo et tensions

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C’est peu dire que sa diffusion à la télévision française en 2016 a suscité l’émotion. Un peu comme un certain Juste une question d’amour en son temps, Baisers cachés est de ces téléfilms qui font du bien et qu’il est réjouissant de voir exposé au plus grand nombre sur le petit écran à une heure de grande écoute. Le film de Didier Bivel raconte le périple de deux adolescents gays de nos jours. Au coeur d’une soirée arrosée, Nathan (Bérenger Anceaux) et Louis (Jules Houplain) s’embrassent. Le lendemain, la photo de leur baiser est mise en ligne sur Facebook. Si tout le monde reconnait Nathan, qui vient d’arriver au lycée et est donc directement « affiché », son partenaire n’est pas vraiment identifiable. Tout le monde cherche à savoir de qui il s’agit mais Nathan refuse de vendre la mèche, conscient que l’objet de son affection n’est pas prêt encore à faire son coming out.

Une simple photo et tout part en vrille. Au lycée, l’ambiance est tendue : Nathan doit faire face à la curiosité mal placée de ses camarades mais surtout à l’agressivité des garçons hétéros qui sont gênés de sa présence et le couvrent d’insultes et de coups. Louis, qui a peur d’être reconnu, suit tristement le mouvement. L’affaire électrise les élèves mais elle dépasse largement ce cadre : les enseignants sont préoccupés et confrontés directement au problème de l’homophobie en milieu scolaire. Que faire ? La prof de Maths lesbienne (Catherine Jacob, excellente) ose s’exposer, donner l’exemple bien que la direction redoute les plaintes de parents rétrogrades qui voient dans la sensibilisation au problème de l’homophobie un obscur prosélytisme.

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Les parents de Nathan et Louis sont aussi au coeur de l’intrigue. Le premier vit seul avec son père flic (Patrick Timsit) qui va passer par tous les stades, entre peur, rejet, acceptation et soutien. Le second doit faire face à un papa (Bruno Putzulu, assez terrorisant) dont l’homophobie violente lui explose en pleine face.

S’il s’agit bien là d’un « coming out movie » comme on en a beaucoup vu, il est suffisamment bien incarné et sensible pour toucher en plein coeur. Et il constitue un bel objet de réflexion et de sensibilisation alors que les clichés, amalgames et attaques subsistent. Chaque personnage a le mérite d’exister et de montrer sa part d’humanité. Un film aussi utile qu’attachant en somme.

Film diffusé en 2016 et disponible en DVD aux éditions Outplay et sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3