FICTIONS LGBT
BERLIN BASED de Vincent Dieutre : la ville tant aimée
Berlin est une ville que le réalisateur Vincent Dieutre connait bien pour y avoir vécu pendant de nombreuses années. Berlin based, son nouveau documentaire, retrace une partie de l’histoire de la ville en recueillant des témoignages d’artistes et de proches.
Ça reste le cinéma de Vincent Dieutre, qui a ses admirateurs et ses détracteurs et pour lequel il faut faire un effort d’ouverture et d’adaptation. C’est très écrit, un peu précieux, un peu bobo dans l’âme. Passé tout ça, ce film est tout de même très intéressant, adoptant le point de vue d’un artiste indépendant qui présente son regard sur une ville qu’on aime ici beaucoup.
Comment ne pas aimer Berlin ? En voix off on peut entendre « Berlin tu es si laide mais je t’aime ». Les intervenants louent l’énergie de cette ville qui donne l’impression a beaucoup que tout est possible. Mixité des langues, des cultures, des genres. Espace de tolérance. Des galeries à foison. Des fêtes qui s’improvisent en permanence. La petite musique de l’electro minimaliste. Une sexualité libérée. Des rues qui sont bizarrement respirables, calmes et pourtant pleines de mouvement.
Vincent Dieutre recueille des témoignages amusés, amusants, pleins d’amour et aussi parfois de craintes – gentrification oblige. Fantômes de la Seconde Guerre Mondiale, réinvention après la chute du Mur. Berlin a été et est encore pour beaucoup une ville où l’on vient pour se (re)trouver, pour créer, pour rêver, fuir une certaine réalité. Elle donne, et peut-être est-ce une illusion, ce sentiment qu’il reste de la place, qu’on peut y trouver sa place. Mais gare aux poussettes qui se multiplient dans les parcs, aux apparts air bnb qui se multiplient, aux touristes et hipsters qui s’emparent du décor comme ils envahiraient un parc d’attractions.
A l’écran, une déclaration d’amour avec la crainte que cet amour soit potentiellement perdu, que les plus belles heures soient passées. La caméra filme les rues, au calme, comme si elle cherchait des fantômes. Les personnes qui s’expriment racontent des histoires ou même un présent qui n’appartient qu’à l’imaginaire.
On retient une tendresse, une nostalgie pour cette capitale que certains hommes désignent affectueusement comme « la campagne avec des beaux mecs ».
Film produit en 2018 et présenté au Festival Chéries Chéris 2019