CINEMA

BIRD BOX : un thriller ultra angoissant dans la veine de « Sans un bruit »

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Directement lancé sur Netflix en France, le film « Bird Box » bat des records de visionnages  tout en récoltant des critiques divisées. Vendu comme un thriller conceptuel, ce nouveau long-métrage de Susanne Bier, adapté d’un livre de Josh Malerman, suit les traces du réussi « Sans un bruit » de John Krasinski et ici on a flippé à mort !

L’oeuvre s’ouvre sur l’héroïne, Malorie (Sandra Bullock), qui s’apprête à entamer un véritable périple accompagnée de deux enfants : elle va traverser pendant 48h une rivière les yeux bandés ! Via des flashbacks, nous sommes amenés à comprendre comment elle en est arrivée là.

Femme indépendante, peintre, célibataire et portant un enfant dont elle n’a pas spécialement envie, Malorie menait une vie assez ordinaire dans son loft. Un jour, sa soeur (Sarah Paulson) vient la voir et va l’accompagner pour un rendez-vous de routine à l’hôpital. Elle partage avec elle ses inquiétudes face à une épidémie mystérieuse qui provoque des suicides collectifs. Malorie n’y prête pas trop attention, estimant que ces choses se passent en Russie ou ailleurs et qu’elle n’est pas menacée. Mais alors que les soeurs sont à l’hôpital, Malorie assiste à des scènes tétanisantes où des gens subitement pris d’une folie destructrice cherchent par tous les moyens à se suicider.

Le chaos est en marche : personne ne sait pourquoi mais quelque chose d’extrêmement toxique flotte dans l’air. Une force invisible qui s’introduit par les yeux et entre dans le corps, faisant voir d’énigmatiques créatures qui poussent à se tuer. Dans les rues, c’est l’hystérie : tout le monde hurle, panique et cherche à mettre fin à ses jours. Malorie parvient non sans mal à sauver sa peau et trouve refuge dans une grande maison où elle va vivre avec d’autres réfugiés. La paranoïa règne car la force noire qui se répand partout ne fait pas que pousser ceux qu’elle contamine vers la mort : certains sujets ne meurent pas et se transforment en disciples, traquant les survivants pour les obliger à « regarder », persuadés que se convertir permettra d’aller vers une purification, quelque chose de meilleur.

Un long combat pour la survie va commencer. Comment survivre avec des vivres limités ? A qui se fier ? Tout espoir de revenir à une civilisation normal est-il révolu ?

bird box film

Le film ne manque pas de défauts, doté (au final comme c’était le cas pour « Sans un bruit ») de nombreuses invraisemblances (ici même en ayant pas les yeux bandés on aurait du mal à traverser une rivière sans se casser la gueule alors ce que fait le personnage principal nous laisse songeur), de moments un peu mièvres et de personnages secondaires parfois un peu clichés. Mais l’atmosphère anxiogène emporte tout sur son passage. Du début à la fin, on se cramponne à son fauteuil et de nombreux passages se révèlent vraiment hyper angoissants. C’est peu dire que « Bird Box » fait le job en tant que thriller et on en sort franchement secoué et marqué.

Ce qui le rend si angoissant, c’est sa menace, aussi diabolique qu’invisible et la façon qu’elle a de s’emparer de ses victimes. Ces dernières sont comme hypnotisées, possédées, se vident de leur substance et se tuent de façon violente. Ces gestes autodestructeurs et morbides sont vraiment durs à regarder. Et puis ces gens possédés qui veulent forcer à regarder… Le fait de ne jamais avoir d’explication sur ce qu’est vraiment cette force obscure qui décime tout augmente le stress et renvoie à nos peurs intérieures. Cela peut-être une force maléfique et surnaturelle, un virus en forme de punition et de purge vis à vis des humains les condamnant d’avoir pourri la planète, une représentation abstraite d’une certaine radicalisation qui pousse à se faire sauter et à faire sauter les autres avec…

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Si la construction du film laisse peu d’espoir sur la survie de la majorité des personnages, le suspense persiste grâce à une mise en scène habile et perverse. On ressent ce sentiment de fin du monde, de ne plus être en sécurité nulle part, de pouvoir être attaqué à tout moment. Si l’on pousse l’analyse plus loin, l’oeuvre constitue aussi une réflexion intéressante sur le regard. Ou comment, exposé à quelque chose qu’on ne devrait pas voir, on finit meurtri à jamais.

Dans le rôle principal d’une femme un tantinet égoïste qui va s’ouvrir aux autres et se réconcilier avec sa maternité, Sandra Bullock est très bonne. Bird Box fait l’effet d’énormes montagnes russes, truffées d’images perturbantes et de séquences jouant aussi bien avec nos nerfs qu’avec ces choses qui nous terrorisent et qu’on garde au fond de nous.

Film produit en 2018 et disponible sur Netflix France

 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3