CINEMA
BLADE RUNNER 2049 de Denis Villeneuve : trip magnétique
Donner suite à un film archi culte comme Blade Runner n’était pas une mince affaire. 35 ans après, Denis Villeneuve a décidé de relever le défi et c’est une belle réussite. Comme le précédent volet en son temps, ce long-métrage nous plonge dans un futur proche. Nous sommes en 2049 et la société compte à la fois des humains et des réplicants nouvelle génération (ils sont complètement dociles et n’ont plus de durée de vie hyper limitée). Les tensions entre ces deux typologies d’individus sont vives. Existent encore d’anciens modèles « rebelles » de réplicants qui sont chassés par les réplicants dernier cris, incarnant une nouvelle garde de Blade Runners.
Ce nouvel opus nous plonge dans le quotidien de K (Ryan Gosling), réplicant qui fait tout ce qu’on lui dit et ne recule devant aucune mission même très dangereuse. Bien qu’il ne soit pas humain, il a des émotions qu’il comble grâce à une petite amie sous forme d’hologramme. Mais attention à ne pas être trop spécial ou à se poser des questions : ceux qui ne filent pas droit prennent le risque d’être éliminés sur le champ. Jusque là, K n’a commis aucune erreur. Mais les choses basculent quand il découvre un secret apte à rabattre les cartes : un enfant serait né de l’union d’un humain et d’un réplicant.
Avec à ses trousses des forces on ne peut plus menaçante, K se met en tête de percer ce secret et d’essayer d’assurer sa survie.
Doté d’une durée conséquente (2h44 tout de même), Blade Runner 2049 s’adresse avant tout à ceux qui avaient été sensibles au premier volet. On est dans de la science fiction qui prend son temps pour poser une atmosphère hypnotique et trouble, un trip visuel et existentialiste qui combine habilement action et réflexion. La grosse réussite de Denis Villeneuve tient dans le fait qu’il parvient à refaire naître l’univers originel. Les fans de la première heure seront en terrain connu et pourront se réjouir de plusieurs clins d’oeil nostalgiques malins voire franchement émouvants (la réapparition surprise de Rachel).
Visuellement la claque est là : sentiment d’univers au parfum d’infini, une sobriété qui n’empêche pas des éclats magiques. Villeneuve reprend aussi les questionnements du premier chapitre pour les amener plus loin. Depuis la sortie de Blade Runner en 1982, notre propre société a beaucoup évolué et par exemple la relation sentimentale de K avec l’hologramme Joi (super Ana de Armas) touche en plein coeur, résonne. Se demander ce que c’est que d’être humain, se questionner sur les frontières entre réel et virtuel : un sujet hautement d’actualité à notre époque de plus en plus digitalisée et déshumanisée. Ne sommes-nous pas nous aussi en quelque sorte, sous ces certains aspects des sortes de réplicants ? (notre aptitude à nous laisser formater au travail, à consommer de plus en plus les relations comme des produits).
Le héros de cette nouvelle aventure est en pleine quête de sens, de liens et c’est une quête universelle, très joliment incarnée à l’écran. Visuellement bluffant, ambitieux et sensoriel.
Film sorti en 2017 et disponible en VOD