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BOHEMIAN RHAPSODY de Bryan Singer : la musique plus forte que tout

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C’était l’un des biopics les plus attendus de l’année et la presse ne lui a pas vraiment fait de cadeau. Conflit entre la production et le réalisateur, mini-polémique sur le fait que la bisexualité de Freddie Mercury aurait été lissée voire diabolisée, reproches de certains fans par rapport à des libertés prises sur l’histoire de l’icône pop-rock… Bohemian Rhapsody ne fait pas l’unanimité et on y est un peu allé de façon hésitante… et au final on a été conquis !

Le film s’ouvre alors que Queen s’apprête à débuter le concert mythique et emblématique du Live Aid. Suit un long flashback qui va nous faire suivre Freddie Mercury et sa famille musicale de leur rencontre à l’apogée de leur histoire.

Tout jeune, alors qu’il n’était que bagagiste et enfermé au coeur d’une famille un peu coincée d’origine perse et indienne, Freddie (Rami Malek) témoignait déjà d’une passion à toute épreuve. Plein d’assurance, faisant fi de tout complexe (ses dents faisaient jaser), il est présenté comme un jeune homme plein de fougue qui n’hésitait pas à provoquer la chance. Il propose ainsi ses services au petit groupe indépendant Smile alors que leur chanteur vient de les planter. D’abord sceptiques, les musiciens changent vite d’avis en l’entendant chanter. C’est le début d’un nouveau groupe avec un nouveau nom : Queen.

Le long-métrage montre l’importance de la notion de groupe. Les membres formaient une véritable famille et chacun a apporté sa pierre à l’édifice permettant de donner naissance à des tubes intemporels. Mais comme dans toute famille, les querelles ne manquaient pas et comme c’est souvent le cas avec les groupes phénomènes, le chanteur va être submergé par l’attention des médias et l’amour du public et il ne sera pas facile de garder la tête froide…

bohemian rhapsody film

Rapidement on comprend que ce qui crée un fossé personnel entre Freddie et les autres membres du groupe c’est son envie de liberté, le fait qu’il se cherche alors que les autres tentent de former des petites familles. D’abord très amoureux d’une fille, la belle Mary Austin (Lucy Boynton) qui encourage son goût de l’excentricité, Freddie comprend peu à peu qu’il est aussi attiré par les hommes. Après un temps de refoulement, il en parle à celle qui est devenue sa femme et qui refuse la notion de bisexualité, lui collant l’étiquette de gay. Le film montre l’errance de Mercury, toujours très attaché à Mary et possiblement amoureux d’elle et en même temps irrésistiblement attiré sexuellement par des hommes de passage.

La réalisation fait le choix de la suggestion mais on comprend bien que les soirées de la star était agitée et très « sexe et drogues ». Dans l’entourage proche de Mercury, Paul Prenter (Allen Leech, sexy avec sa stache), gay que l’on devine amoureux de lui et qui va, à défaut de l’avoir pour lui tout seul se faire une joie de l’entraîner dans de nombreuses orgies. Un personnage intéressant et retors qui comble sa frustration amoureuse en prenant de plus en plus le pouvoir sur la vie de Freddie Mercury, aussi bien psychologiquement que professionnellement au point à terme de devenir franchement toxique.

bohemian rhapsody film

Contrairement aux critiques que j’ai pu lire à droite à gauche je n’ai pas trouvé du tout que la représentation de la bisexualité de Mercury était réductrice ou frustrante. On comprend cet amour qui persiste pour Mary mais qui devient impossible (elle refusant de comprendre qu’il peut l’aimer même s’il est aussi attiré par les hommes) et ce désir de vivre une sexualité entre hommes sans le crier dans les médias à une époque troublée.

La dernière partie du film fait entrer un beau personnage, celui de Jim Hutton (Aaron McCusker) qui va peu à peu s’inscrire dans le coeur de Mercury grâce à la douceur et l’authenticité qu’il laisse percevoir et qui sera à terme son compagnon.

Mais le grand amour de Mercury c’est bien avant tout la musique. Et s’il y a bien une chose que le film réussit, c’est sa façon de nous plonger au coeur de l’acte créatif de tubes devenus largement cultes. Et en particulier le morceau Bohemian Rhapsody qui donne son titre au biopic. Titre emblématique de l’audace et du jusqu’au-boutisme de Queen et Mercury, raillé à a sortie puis devenu un phénomène bien plus tard.

bohemian rhapsody film

Durant 2h15, le biopic défile à toute allure, porté par une mise en scène certes assez classique mais élégante, retranscrivant l’élan de son personnage et matérialisant joliment son univers queer et iconique.

Et il y a bien sûr la performance géniale de Rami Malek, dont on se méfie un peu au début avec ses tics et sa grosse prothèse mais qui nous bluffe de plus en plus alors que le film avance.

Le final, qui nous plonge complètement dans le concert du Live Aid en retranscrivant la fureur et l’émotion du public et des proches, est un moment très fort surtout qu’il apparait comme le point culminant voire ultime de la carrière de Queen alors que Mercury se retrouve menacé par le Sida mais décide que le show « must go on ».

Très divertissant, plein de souffle et habité, le projet finit bien par emballer à travers son portrait d’un homme possédé par sa musique et capable de transporter les foules. Un véritable performer filmé comme un super-héros et qui ne s’abaisse devant rien.

Film sorti en salles le 31 octobre 2018

 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3