FICTIONS LGBT
BOYS IN THE SAND de Wakefield Poole : Fire Island comme un rêve
C’est un des films les plus cultes du cinéma x gay signé par l’un des meilleurs auteurs du genre. Boys in the sand de Wakefield Poole est un monument, une rêverie seventies au magnétisme intemporel.
Sorti en 1971 dans les salles américaines, c’est le premier film porno gay a avoir bénéficié d’un succès critique et public et ce malgré un budget d’à peine 8 000 dollars.
L’œuvre s’ouvre sur la plage, le nom du film et ceux des acteurs sont écrits sur le sable. Boys in the sand sera divisé en trois segments mettant en scène l’acteur Casey Donovan (devenu une figure underground culte après le tournage avant d’être frappé par le Sida).
Premier segment : Bayside with Peter Fisk
Peter s’aventure dans les buissons ornant la plage. Très belle musique, mise en scène sensorielle qui nous met en état d’immersion, caméra subjective…Peter finit par s’installer nu au face à la mer. Sort subitement de l’eau Casey Donovan qui approche de Peter en courant au ralenti. Peter le caresse sensuellement et lui fait une gaterie. Ils vont ensuite au milieu des buissons pour plus d’intimité.
Musique qui évoque une sorte de conte de fées, on a la curieuse sensation d’assister à la naissance émouvante des rapports entre hommes, de la découverte des plaisirs gays.
Casey prend le bracelet de Peter et lui met autour du sexe en guise de cockring. Il l’initie. Ambiance bucolique, tendresse, Peter s’enivre et alors que survient le moment de l’orgasme tout un tas d’images se mélangent et s’accélèrent dans sa tête : la rencontre avec Casey, la nature, les chaudes étreintes. Ejaculation. Peter enlève le bracelet de son sexe et l’offre à Casey. Ce dernier restera seul alors que son amant partira vers l’eau disparaissant comme lui lui était apparu. Très belle première partie, à la fois tendre et excitante. Etreintes douces, soleil qui tape.
A noter que ,comme on pouvait s’en douter, le tournage ne fut pas évident à cause du sable, les acteurs devaient être très prudents pour ne pas s’en mettre sur les parties génitales. En général, Wakefield Poole et ses acteurs tournaient tôt le matin pour ne pas être surpris dans les lieux en plein air qui leur servaient de décor. Le réalisateur confia toutefois que pour cette scène dans les buissons, un inconnu se cachait non loin de là, ne disant rien, profitant du spectacle.
Deuxième segment : Poolside with Danny Di Cioccio
On retrouve Casey Donovan sur un ponton, avec sous le bras un journal intitulé « GAY ». Il s’ennuie un peu et décide de rentrer chez lui. On découvre sa belle demeure, son adorable chien…Le corps bronzé, les fesses toutes blanches, Casey s’installe sur un transat au bord de sa piscine pour lire son journal. Il tombe sur une annonce qui l’interpelle et écrit un courrier. Le message envoyé, Donovan se tripote au milieu de la piscine sur son matelas gonflable. Le temps passe, les jours défilent, Casey nage encore et encore et en surimpression apparaissent les feuilles du calendrier dans l’eau.
Après un passage à la Poste du coin, Casey ouvre un colis qu’il vient de recevoir. S’y trouve une sorte de pastille qu’il jette dans la piscine et qui fait apparaître comme par magie un bel italien ! C’est Danny Di Cioccio. Ils s’acoquinent très vite. Scène une fois de plus assez sensuelle, la lumière est naturelle, pas de gros effets de montage, une approche qu’on pourrait qualifier de quasi-documentaire. Wakefield Poole prend son temps et filme avec une certaine tendresse ses acteurs. On assiste à une sorte de déclaration d’amour au corps masculin, Casey et David se lancent dans des positions de plus en plus folles, athlétiques. Il faut noter que le réalisateur tenait à concerter son acteur concernant le choix des partenaires. Cela lui permettait d’avoir des scènes de sexe profondément authentique, Casey Donovan ne se mélangeant qu’avec des garçons qui l’excitaient vraiment.
Casey était polyvalent, pouvant aussi bien jouer l’actif aimant donner des petites fessées, que le passif qui s’offre à l’autre sans jamais rechigner. Après des scènes de pénétration torrides, Casey et David se baignent, complices, se font un câlin sur un grand matelas gonflable : So Sweet ! Ils sortent de la maison et croisent un homme qui a sous le coude lui aussi la fameuse revue « GAY ». Patience cher inconnu, il semblerait que de belles rencontres puissent survenir…
Troisième et dernier segment : Inside with Tommy Moore
Casey se prélasse nu dans son lit. Près de chez lui rode un black moustachu qui avec ses gros outils répare les lignes téléphoniques. Casey finit par s’exhiber du haut de sa fenêtre, provoquant le désir de Tommy le beau black. Alors que notre blondinet se tripote en signe d’invitation, Tommy s’éloigne. Va-t-il le rejoindre ?
Casey le retrouve installé sur le canapé du salon et se jette sur lui pour le pomper (avec en fond une musique indienne !). On remarque que la « ceinture outil » du « Phone man » a un look légèrement SM. Alors que l’excitation monte, on réalise que tout cela n’était qu’un rêve : Tommy n’est pas venu à la maison.
Après un léger retour à la réalité, Casey décide de repartir vers ses fantasmes. Il imagine Tommy lui offrant son sexe dans tous les recoins de son domicile. Il l’imagine aussi les fesses offertes sur le lit…On passe du fantasme à la réalité, observant Casey avec Tommy dans ses rêves et s’enfonçant un dildo sous Poppers dans la réalité. Tout cela est entrecoupé de travellings autour d’une sorte de fresque murale.
On s’amuse alors que Casey imagine Tommy tout vaillant et sortant un mètre pour encercler son bien gros outil…Casey s’apprête à le pénétrer puis c’est Tommy qui s’y met, caressant son « ouverture » en « teasant » une ébauche de fist. Finalement on est un peu comme Casey, la tête pleine d’images qui malheureusement ne se matérialisent pas. Mais ce veinard de Casey aura la chance de découvrir après sa séance masturbatoire, que Tommy est finalement bien là, l’attendant devant la porte, prêt à passer réellement à l’action. Encore une scène très maitrisée, nous perdant entre fantasme et réalité, ce segment est en tout cas le plus explicite des trois. Pour info, Tommy Moore était un ex de Casey Donovan. Jolies retrouvailles.
Ainsi s’achève donc ce Boys in the sand qui provoque l’enthousiasme grâce à sa sensualité, la bonne utilisation de ses modestes moyens, un casting simple, naturel et ravi d’être là. Porno plutôt soft, préférant la poésie des étreintes à la fureur des rapports de force, c’est une production culte pour laquelle on peut avoir une certaine tendresse. Face à ces images, on a un peu l’impression d’un « retour aux sources », de redécouvrir avec émerveillement la beauté des rapports entre hommes. Enivrant.
Film sorti en 1971 et disponible sur le site Pinklabel