FICTIONS LGBT

BROMANCE de Lucas Santa Ana : amitiés viriles contrariées

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Avec « Bromance » (« Como una novia sin sexo » en VO), le réalisateur Lucas Santa Ana nous entraîne au coeur des vacances de trois garçons amis d’enfance.

C’est l’année 1996, ils ont décidé de prendre du bon temps en campant dans la forêt et en profitant d’un cadre sauvage et idyllique au bord de l’eau. Daniel (Javier de Pietro) a emmené sa caméra et filme le quotidien. Son regard s’arrête beaucoup sur son meilleur ami Santiago (Marcos Ribas) qui l’attire sans qu’il n’ose se l’admettre. Les choses se corsent quand Julieta (Luana Pascual), une belle inconnue libre et légère, s’incruste dans la partie. Santiago la séduit comme pour prendre ses distances avec Daniel. Ce dernier se retrouve alors à vraiment questionner l’amitié ambigüe qu’il entretient avec Santiago depuis des années. Pendant ce temps, un peu à l’écart, Adrian (Agustin Pardella) masque le fait qu’il traverse une période difficile : son grand père dont il est très proche est à l’hôpital et n’en a peut-être plus pour longtemps.

bromance lucas santa ana

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« Bromance », joliment réalisé, est un huis clos solaire qui fait la part belle aux non dits. Au coeur d’une atmosphère de vacances et d’insouciance, bien des maux sont contenus. On bronze au soleil, on blague, mais à l’intérieur ça cogite. Le réalisateur Lucas Santa Ana témoigne d’une certaine nostalgie pour la jeunesse, les années 1990 et un certain cinéma gay qui y est rattaché. Des histoires d’amitiés ambigües et de coming out, on en a eu à la pelle pendant ces années-là. Ce long-métrage en est une relecture sensuelle (les jeunes acteurs sont d’une beauté naturelle magnétique et l’aspect vacances est l’occasion de les admirer torse poil et en maillot une bonne partie du métrage, sans parler des joies du camping qui conduisent à dormir dans la tente les uns sur les autres) et assez mélancolique.

L’intrigue en elle-même n’a rien de particulièrement originale mais le regard du cinéaste et des personnages sensibles et pas lisses joliment incarnés rendent l’ensemble attachant. Se détache petit à petit le personnage de Daniel (campé par Javier de Pietro, un acteur fidèle du réalisateur Marco Berger – un cinéma qui fait ici aussi écho), qui filme ses camarades comme pour les capturer à jamais, comme s’il pressentait qu’après cette parenthèse plus rien ne sera comme avant. L’amitié virile érigée en forme d’idéal va en effet être malmenée. Le trouble qui s’installe entre Daniel et Santiago va faire vriller l’excursion et personne n’en ressortira indemne.

Si les éléments naturels et le décor propice à l’évasion viennent apporter une note de douceur, les protagonistes ne seront pas ménagés et le point à venir sur ce trio amical en plein délitement pourrait bien avoir un goût amer. L’effet d’une belle ballade triste.

Film produit en 2016 et disponible sur plateforme de Films LGBT Queerscreen 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3