CINEMA

CALIGULA de Tinto Brass et Bob Guccione : complètement fou

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C’est un péplum complètement barré que nous propose le réalisateur Tinto Brass (puis Bob Guccione suite à des grosses tensions au moment du montage) avec ce Caligula vraiment incroyable qui nous propulse dans un cercle infernal d’orgies, de sadisme et de folie.

Le film, dont la durée de la version intégrale avoisine les 2h30 nous plonge au Ier siècle. Caligula (Malcom McDowell à l’interprétation très queer) semble couler des jours heureux, passant ses journées à courir dans la nature ou à se prélasser au lit avec sa soeur Drusilla (Teresa Ann Savoy) qu’il rêverait d’épouser. Et voilà que Macron (Guido Mannari), préfet du prétoire, débarque pour lui annoncer que l’empereur Tibère (Peter O’Toole) veut le voir.

Tibère, qui est son grand-père et son père adoptif, pourrait peut-être songer à lui pour sa succession… à moins qu’il ne cherche à l’éliminer et faire du jeune Gemellus (Bruno Brive), son « vrai fils »,  l’heureux élu. Caligula reste sur ses gardes puis songe à éliminer Tibère, avec la complicité de Macron.

Tibère mort, Caligula devient le « roi du monde ». Un pouvoir incroyable qui va rapidement lui faire perdre le sens des réalités et le pousser de plus en plus vers la folie. Alors que Drusilla le dissuade de l’épouser pour ne pas faire scandale, elle essaie de lui trouver une épouse digne de ce nom. Mais Caligula choisit la sulfureuse Caesonia (Helen Mirren), connue pour ses excès et son goût des plaisirs charnels.

Plus le temps passe et plus Caligula joue à l’enfant roi. Ses facéties et sa jeunesse amusent le peuple dans un premier temps. Se sentant intouchable, il accumule les caprices, se plait à jouer avec les vies des gens qui l’entourent. Son sadisme et son cynisme n’ont plus de limite. Ainsi se plait-il à prendre pour cible le beau Proculus (Donato Placido) pour faire de son existence un enfer, violant la femme vierge qu’il devait épouser devant lui et abusant ensuite de lui.

Des trahisons et condamnations déclarées sans raison, pour le plaisir de punir, bannir ou tuer, la mort transformée en divertissement : pour ne pas s’ennuyer, Caligula ne recule devant aucune folie finissant même par transformer le Sénat, qu’il malmène de plus en plus, en bordel géant… Forcément, autour de lui, la révolte gronde…

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On pense forcément au Satyricon de Fellini en découvrant ce Caligula complètement dingue. Contrairement à beaucoup de critiques, j’ai trouvé Caligula nettement mieux et ne suis pas du tout d’accord avec ceux qui le désignent comme un navet. Déjà, malgré son incroyable folie, le long-métrage se suit facilement avec une intrigue lisible, de multiples rebondissements, des personnages ambivalents et très bien posés. Il y a de quoi être scotché devant son écran avec toutes ces trahisons et ces mises à mort ! Dans sa toute puissance, Caligula fait des exécutions un divertissement. On voit des gens se faire décapiter sous les applaudissements ou des éphèbes se faire poignarder lentement pour contempler leur douleur.

Le film de Tinto Brass repousse les limites, multiplie les provocations comme cela a rarement été fait dans le genre du péplum et nous plonge dans un véritable trip qui dans sa version intégrale regorge de scènes explicites. Difficile de ne pas être fasciné par cette débauche de moyens mis au service d’une oeuvre complètement sadique et qui flirte avec le x. On n’aura jamais autant ressenti cette sensation de déchéance car tout est filmé de façon frontale, les exécutions comme la sexualité hédoniste et bestiale. Le summum est atteint dans la dernière partie du métrage où Caligula célèbre le proxénétisme et fait du monde un gigantesque bordel. Tout le monde se mélange, les sexes envahissent l’écran, et il n’y a plus aucun tabou.

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Esthétiquement l’oeuvre captive également entre beauté, décadence, explosion de kitsch et transgressions. On a vraiment l’impression d’être emporté par la folie du personnage titre et de dériver avec lui, repoussant les limites encore et encore jusqu’au vertige.

En bonus, un homo érotisme omniprésent (dont le genre du peplum est coutumier) qui s’exprime ici plus librement, l’homosexualité étant affichée sans fausse pudeur à l’écran et Caligula, bien qu’hétéro, ayant un côté camp et queer de plus en plus affirmé (et ce qu’il ressent pour le pauvre Proculus dont la beauté semble au départ le subjuguer n’est pas très clair).

Une fresque déviante et hypnotique, cauchemar pervers et coloré : si l’oeuvre a tant divisé à sa sortie et divise encore ça n’est pas pour rien. Caligula a tout du film malade et bascule dans l’excès le plus total à tous les niveaux. Ici on trouve ça génial et on dit film culte !

Film sorti en 1980. Disponible en DVD et VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3