CINEMA

CASABLANCA de Michael Curtiz : drame historique et romantique

By  | 

Casablanca, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Dans les rues, dans les bars, partout, des gens du monde entier rêvent d’obtenir les papiers nécessaires qui leur permettront de rejoindre le Portugal. La finalité serait d’atteindre les Etats-Unis où l’espoir d’une vie sans occupation nazie rassure. Mais il n’est pas aisé de mettre la main sur ces fameux papiers : les arnaqueurs sont légion, le temps passe et l’argent manque. Certains périssent ainsi dans l’attente. 

Au cœur de la ville, un homme semble presque détaché de toutes ces préoccupations. Il s’appelle Rick Blaine (Humphrey Bogart) et il est le propriétaire du club le plus couru des environs. Exilé américain au passé trouble, il s’est imposé à Casablanca et reçoit dans son antre les personnes les plus influentes, venant dîner tout en profitant des mélodies de Sam le pianiste ou tenter leur chance aux jeux du mini casino. Rick apparaît comme un homme dur et solitaire, à qui on ne la fait pas. Son club lui permet de vivre dans une certaine bulle, loin du désespoir qui ravage les rues.

Un soir, « un ami » vient lui demander de garder des « lettres de transit » permettant de voyager librement. Il a volé ça à des nazis qu’il a assassiné. Il sera vite rattrapé par les forces ennemies. Les nazis débarquent à Casablanca et comptent bien s’imposer progressivement. Mais ils sont surtout là pour mettre la main sur un résistant insolent, Victor Laszlo (Paul Henreid). Ce dernier vient d’arriver en ville, accompagné de son épouse, Ilsa (Ingrid Bergman). Un soir, ils sortent au club de Rick. Ce dernier est bouleversé par cette arrivée, Ilsa n’étant autre que la femme qui lui brisa le cœur quelques années plus tôt. Les retrouvailles seront mouvementées. Entre désir d’amour et besoin de résistance face à un monde en danger, Rick et Ilsa vont devoir avancer…

C’est sans doute l’un des films les plus connus du septième art. Le charisme d’Humphrey Bogart, à la fois dur et romantique ; le regard d’Ingrid Bergman face au piano, qui demande « Sam, Play it again » pour réentendre « sa » musique lui rappelant Rick ; la puissance d’une scène où la marseillaise s’impose face aux hymnes nazis…Casablanca est incontestablement un des films les plus forts ayant en toile de fond la Seconde Guerre Mondiale. Et ce n’est pas pour rien : le film est malin, intelligent, présente des personnages aux multiples facettes dont on ne peut jamais vraiment prévoir les réactions et les situations qui les attendent.

Au suspense historique (Victor Laszlo parviendra-t-il à quitter Casablanca pour voler vers les Etats-Unis et affirmer sa résistance ?) s’ajoute un suspense romantique (Ilsa choisira-t-elle de rester avec Rick, de s’enfuir avec lui ou bien restera-t-elle avec son mari ? Qui aime-t-elle vraiment ?). Tout s’enchaîne magnifiquement et Michael Curtiz offre un sans faute : interprétation extraordinaire, atmosphère intemporelle tout en faisant le portrait d’une tranche historique très forte, superbe lumière, indéniables qualités d’écriture… Alors que dehors le temps presse, que l’avenir est incertain, Rick et Ilsa se cherchent, s’aiment, se détestent aussi. Ils se rappellent et s’accrochent à une relation qui n’est et ne restera peut-être plus qu’un souvenir. Comme un monde qui s’écroule.En temps de guerre tout est chamboulé , les hommes font des choix et prennent des chemins inattendus.

Outre ses multiples qualités, la beauté de Casablanca réside dans sa capacité à nous plonger dans ce curieux état où aucun lendemain n’est assuré, où en quelques minutes le monde peut se plier face au nazisme, où d’un battement d’un cil l’amour de notre vie peut s’envoler au loin. Universel et bouleversant, plein d’humanité et de dignité. Ce long-métrage n’a pas volé son titre de chef d’œuvre total.

Film sorti en 1942 et disponible en VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3