FICTIONS LGBT
CLIMAX : le cauchemar psychédélique génial de Gaspar Noé
Et boom ! Avec Climax, Gaspar Noé délivre une des plus grosses claques cinéma de l’année. On vous prévient : si vous n’êtes pas fanas des expériences de cinéma et autres trips perchés, vous irez dans la salle à vos risques et périls (typiquement, et comme souvent avec Noé, il y a autant de chances d’aimer que de détester). Pour ceux qui aiment ça, attachez votre ceinture : ce film décoiffe !
Le nouveau long-métrage du cinéaste prend place dans les années 1990 et s’ouvre sur une présentation des différents personnages en mode casting. Une troupe de danseurs va être formée pour une tournée qui les amènera aux Etats-Unis. Ils sont jeunes, beaux, charismatiques, reflet fantasmé d’une certaine génération. Nous les découvrons tous ensuite dans une performance dansée hallucinante (un plan-séquence vertigineux qui s’impose d’emblée comme l’un des temps forts cinéma de l’année 2018).
Gaspar Noé navigue d’un protagoniste à l’autre en nous faisant vivre l’ambiance et l’atmosphère d’une soirée de relâchement, un verre de sangria à la main. Les langues se délient, ça se raconte, se séduit, sur un ton proche d’une sitcom. Mais soudain c’est la panique : tout le monde commence à être défoncé. Et pour cause : quelqu’un a mis une forte dose de LSD dans la sangria ! Commence une longue nuit en huis clos (tous les danseurs se trouvent dans un hangar isolé au milieu de nulle part) où l’abus involontaire de substances va donner lieu à un véritable cauchemar.
Nous sommes là devant un pur film de mise en scène, sensoriel et primitif. Un grand shot de cinéma mené de main de Maître qui nous rappelle que clairement l’enfer c’est les autres. L’intrigue est simple comme tout entre huis clos et survival mais le filmage nous emporte vers une expérience unique et psychédélique entre désirs, violence et peurs terribles qui se matérialisent.
De l’extase de la beauté et de l’expression artistique au vertige total du trip qui se fait mauvais, Gaspar Noé ne nous épargne rien. On est complètement hypnotisé, parfois sévèrement bousculé ou même agressé par ce qui se passe à l’écran dans ce labyrinthe hystérique. C’est fort, parfois choquant et violent, ça travaille l’inconscient comme lors d’un incroyable moment subjectif au sol où on ne sait juste plus ce qui est en train de se passer : les gens sont-ils en train de faire l’amour, se battre, mourir d’overdose ? Fou !
Mine de rien, les occasions de voir une oeuvre pareille au cinéma sont devenues rares et il en fallait de l’audace pour nous proposer cette expérience perchée, à la fois ludique et angoissante, pop et horrifique. Ici, on adore ! Cerise sur le gâteau : un côté étonnamment plus queer que d’habitude chez Noé avec notamment la présence au générique de Kiddy Smile.
Film sorti en salles le 19 septembre 2018