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COMME PAR MIRACLE (La Santa Piccola) de Silvia Brunelli : bromance italienne très sexy

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Premier long-métrage de la réalisatrice italienne Silvia Brunelli, Comme par miracle (La Santa Piccola en VO) nous entraîne à Naples où nous suivons plusieurs personnages dont deux meilleurs amis dont la relation va devenir de plus en plus ambigüe. Une bromance à l’italienne avec des scènes TRÈS sexy.

Naples. Lino (Francesco Pellegrino), très séduisant jeune homme hétéro, se démène comme il peut pour subvenir aux besoins de sa petite famille. Il vit avec sa mère qui a des problèmes de santé et qui a souvent des absences et sa petite soeur Annaluce (Sophia Gusataferro). Alors que le propriétaire de l’appartement où ils logent les menacent d’éviction s’ils ne paient pas leurs dettes de loyer, Lino est plus tendu que jamais. Il chasse ses inquiétudes et ses angoisses en trainant avec son meilleur ami, l’adorable Mario (Vincenzo Antonucci). Les deux garçons partagent une amitié très fusionnelle et tendre : ils sont un refuge l’un pour l’autre, s’épaulent continuellement et ne réfrènent pas leur tendresse, se câlinant, s’étreignant ou se faisant des petits bisous sur le front à l’occasion. 

Le quotidien de Lino bascule quand sa petite soeur Annaluce se met à générer plusieurs miracles. Au début du métrage on la voit redonner vie à un oiseau et plus tard elle parvient à faire revenir des morts sa mère suite à un incident ! Dès lors, les habitants très croyants du quartier où la famille d’Annaluce vit commencent à l’ériger en Sainte. Ils font la queue pour venir la rencontrer, pour prier avec elle… Cet engouement démesuré fragilise l’équilibre familial et Lino voit sa chambre se transformer en espace de réception. Il va donc dormir chez son ami Mario en espérant que cela se tasse. 

Le temps de plusieurs semaines, la relation entre les deux meilleurs amis va devenir de plus en plus floue. Tout commence par une soirée en discothèque où Lino amène son ami à embrasser et caresser avec lui une femme plus âgée. Un déclic s’enclenche alors chez Mario qui réalise qu’il est profondément épris de Lino et qu’il brûle de désir pour lui. Mais peut-il espérer plus que ce qu’est déjà leur relation ? 

comme par miracle film gay

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Ce premier long-métrage hybride, à la fois solaire, introspectif et plus sombre et coquin qu’il n’y parait est une véritable curiosité. Silvia Brunelli délivre une amusante et charmante comédie italienne sur le thème de la foi, des croyances, nous plongeant dans un petit coin de Naples où la religion occupe une grande place et où l’espoir en des miracles prend des proportions démesurées. Si le segment de la petite Annaluce constitue un fil rouge, le coeur du film tient avant tout dans la relation amicale très homoérotique entre Mario et Lino. L’un se découvre gay (en secret), l’autre est insondable. On ne s’y attendait pas mais on se retrouve en plein suspense du désir, ayant progressivement l’impression de naviguer dans une version italienne d’un film de Marco Berger. 

Soyez prêts : la cinéaste se révèle avoir un talent redoutable pour filmer le désir et elle amène la bromance très câline entre Mario et Lino vers des sommets de tension et d’érotisme. La façon qu’ont les deux garçons de se soutenir, de se cajoler et de s’enlancer dès qu’ils sont très heureux ou un peu tristes est absolument craquante. Et on comprend lors de la première séquence en boite de nuit que la caméra de Silvia Brunelli peut se faire très très coquine. Le passage où Mario et Lino s’amusent avec une femme plus âgée (et qui servira de déclic pour le personnage de Mario) est extrêmement sensoriel et brûlant. La façon de filmer les regards, les mains, les souffles : on en ressent toute l’intensité. Et ça n’est que le début ! Le long-métrage va dupliquer ces moments alors que Mario va découvrir que pour subvenir aux besoins de sa famille Lino use de ses charmes avec des femmes seules et parfois même avec des garçons… Visiblement se sentant très à l’aise avec son pote, Lino va l’amener à participer à certaines étreintes avec lui. Jusqu’à une ultime scène érotique explosive qui restera longtemps en mémoire, l’ambiguïté entre les deux meilleurs amis fait péter les plombs. On embrasse complètement le point de vue de l’hyper attachant Mario (ravissant Vincenzo Antonucci) et on ressent toute sa frustration, ses doutes, son attraction qui le consume. 

comme par miracle film gay

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Si le final du film est trop elliptique et suscite inévitablement une (très) grande déception et frustration chez le spectateur, il faut savoir le digérer. Certes, on regrette cette conclusion dans un premier temps car la réalisatrice a tellement fait monter la pression qu’on était en droit d’attendre une grande explosion finale (et que sans cela le film s’imposait clairement comme une nouvelle référence du genre, haut la main). Mais en y repensant après coup, cette fin est au final assez cohérente et assez belle. Elle fait son chemin. Malgré cette impression initiale mitigée sur la fin, on a envie de revenir encore et encore dans ce film pour cette bromance coquine entre deux beaux italiens qui ne manque pas de véritables éclats. 

Film produit en 2021 et présenté au Festival Chéries Chéris 2023 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3