CINEMA
COPACABANA de Marc Fitoussi : nouveau départ ?
Pour son deuxième long-métrage Marc Fitoussi réunit Isabelle Huppert et sa fille Lolita Chammah dans une oeuvre joliment hybride, humaniste et solaire.
Babou (Isabelle Huppert) est une femme irresponsable, une femme enfant qui n’est jamais vraiment parvenue à mener sa vie sans faire de dégâts. Elle vit aujourd’hui seule avec sa fille Esmeralda (Lolita Chammah) dans un modeste appartement. Sa petite fille est devenue une jeune femme qui a le sens des réalités, qui rêve d’une vie rangée, loin de son inconsciente de mère.
Alors que Babou regrette la dégradation de leur relation, leur complicité fragilisée, Esmeralda lui annonce qu’elle va se marier…et qu’elle ne veut pas qu’elle vienne à son mariage… car elle lui fait trop honte. Blessée, Babou décide de prendre ses distances et de tenter de lui prouver qu’elle a tort. Cette fois, c’est décidé : elle va trouver du boulot et montrer à sa fille qu’elle peut gérer sa vie toute seule.
Elle accepte un poste à l’étranger, à Ostende. Son nouveau job consistera à vendre des appartements en multipropriété (bref à arnaquer des touristes). Dépaysement garanti. Cette nouvelle vie va amener Babou à rencontrer de nouvelles personnes, à se confronter au monde, à découvrir des choses sur elle-même et sur la société dans laquelle elle évolue…
Dans Copacabana, on retrouve le ton corrosif et le comique de situation qui avait fait du premier long-métrage de Marc Fitoussi, La vie d’artiste, une belle surprise. Et un soin tout particulier est toujours accordé à l’écriture des personnages, tous attachants qu’ils aient les premiers ou les seconds rôles. Ce second film offre à Isabelle Huppert une partition réjouissante et permet à la grande actrice qu’elle est d’embrasser un registre plus pop et comique. Elle est parfaite dans la peau de Babou, mère larguée, maquillée comme une voiture volée, franche mais multipliant les gaffes, égoïste mais en même temps le cœur sur la main. Tout simplement maladroite en somme.
Marc Fitoussi confirme ses grandes qualités de scénariste et dialoguiste (et joue toujours autant avec un humour singulier et piquant) et s’affirme davantage du côté de la réalisation. Copacabana est également un film assez hybride qui s’accorde la liberté de passer d’un genre à l’autre, à la fois chronique familiale émouvante, comédie sociale, portrait de femme et feel good movie. Le réalisateur dessine un personnage irrésistible mais ne se repose jamais totalement sur les épaules d’Isabelle Huppert. Il confronte son personnage principal à une multitude de protagonistes tour à tour amusants, décalés ou touchants.
L’ensemble dépeint avec un humour ravageur et une tendresse certaine une société où les plus faibles se laissent facilement broyer. Mais personne ici ne s’apitoie sur son sort, au contraire : chacun compose avec sa situation et tente d’avancer. On passe de l’absurde monde de l’entreprise avec ses prospections, la pression managériale, la compétitivité, à des passages plus « aériens », des moments suspendus, plus silencieux dans la ville d’Ostende, là où les malchances et les malheurs individuels se rencontrent pour laisser place à une belle solidarité.
Marc Fitoussi parvient avec une aisance folle à nous faire adhérer à une flopée de bons sentiments, à nous faire rire de tout et voir la vie en rose. On ressort de Copacabana le sourire aux lèvres. Une comédie aussi douce que savoureuse.
Film sorti en 2010 et disponible en VOD