CINEMA

DEEP END de Jerzy Skolimowski : désirs en eaux troubles

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Mike (John Moulder-Brown) a lâché l’école et commence un petit boulot dans un établissement de bains londoniens. C’est un endroit un peu glauque, pas très propre, où les clients comme les clientes attendent du personnel souvent plus qu’un accueil chaleureux. Susan (Jane Asher), belle rousse sûre de son charme, informe rapidement son nouveau collègue qu’il peut, s’il le souhaite, se faire de bons pourboires en « jouant le jeu », acceptant quelques avances pas très catholiques. Mike, naïf et puceau, est pourtant plus que dépassé par la situation lorsqu’une femme mûre se met à le tripoter. Son côté « garçon poli » semble en exciter plus d’une. Découvrant un monde plus adulte, trompant sa solitude, l’adolescent va finir par craquer pour Susan, ravissante et inaccessible. Si la jeune femme s’amuse à lui faire tourner la tête, elle ne se doute pas qu’elle va éveiller chez ce garçon sensible, une certaine forme d’obsession qui pourrait s’avérer être dévastatrice.

deep end Jerzy Skolimowski

Retour à l’adolescence, au début des 70’s, musique de Cat Stevens : Deep End enchante en à peine quelques minutes avec son côté à la fois cool et sentimental, aussi tendre que subversif.  Le décor même des bains résume assez bien la chose : c’est un peu miteux, malfamé mais en même temps très coloré, agréable à regarder. Jerzy Skolimowski filme le basculement d’un ado ordinaire, si ce n’est un peu plus timide que la moyenne, vers une obsession aussi touchante que malsaine.

Mike découvre les paradoxes du monde adulte. Une jolie fille peut se révéler être une peste à ses heures perdues, le gentil prof de sport jadis si sympathique peut ne s’avérer être qu’un pervers pathétique. Evoluant dans un autre monde , en décalage avec ce qu’il est et ce qu’il ressent, le garçon trouve refuge dans ses fantasmes. Susan est un peu toutes les femmes pour lui. Elle est la douceur, la gentille collègue, comme un modèle de charme qui n’a forcément pas froid aux yeux. Sentiments et pulsions sexuelles se confondent, le désir fait perdre la tête…

Joli film sur la mort de l’adolescence, à la mise en scène soignée, au ton particulier entre nostalgie et féroce second degrés, Deep end amuse et surprend avec beaucoup de style et d’intelligence. Dans le rôle de la femme fantasme, facile ou insaisissable selon l’humeur, Jane Asher fait des étincelles.

Film sorti en 1971 et disponible en VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3